VII Le tombeau d’André Clavière

Joseph Gallot, l’ex-serrurier de la rue Montorgueil, avait beaucoup cherché sa nièce, nous l’avons dit, et il la cherchait encore.

Mais la jeune femme restait introuvable et il enrageait.

– Tonnerre, se disait-il, elle n’est pourtant pas à cent mille pieds sous terre, où diable peut-elle s’être cachée ?

Il avait questionné plusieurs personnes à ce sujet, entre autres Charlotte Pinguet, et il avait bien compris qu’on obéissait à un mot d’ordre qui était de ne rien dire.

C’était clair, sa nièce ne voulait pas qu’il sût ce qu’elle était devenue.

En quête de renseignements, il était allé jusqu’à Longereau. Là, on lui avait dit, on lui avait affirmé qu’André Clavière avait laissé à sa veuve une fortune de cinq cent mille francs.

Comme on le voit, les gens du pays étaient loin de compte.

Mais nous savons que le père Clavière avait toujours vécu presque pauvrement, en harpagon, et qu’il n’avait jamais dit à personne, pas même à son fils, quel était le chiffre de sa fortune.

On avait dit et répété que l’ancien entrepreneur de travaux publics était riche à un demi-million. Son fils avait hérité de cette fortune dont Marie Sorel, à son tour, était devenue héritière.

Et tout le monde de s’écrier :

– Tout de même, cette petite Marie Sorel a eu une fière chance !

Nous pouvons supposer et même croire que si la veuve d’André Clavière avait été une malheureuse obligée de tirer l’aiguille du matin au soir pour subvenir à ses besoins, Gallot ne l’aurait pas cherchée avec une aussi grande persévérance. Mais elle était riche.

Qu’eusse donc été si le gros chiffre de plusieurs millions avait retenti aux oreilles de l’oncle borgne ?

Joseph Gallot, devenu voleur et faisant partie d’une bande de cambrioleurs dont la spécialité était le pillage des villas des environs de Paris, ce qui ne l’empêchait pas, à l’occasion, de détrousser le bon bourgeois attardé dans les rues entre minuit et deux heures du matin, Joseph Gallot, disons-nous, n’avait pas de chance.

Il n’était jamais prévenu à temps par ses camarades quand il y avait un bon coup à faire, c’est-à-dire un riche butin à partager.

Lui et quelques autres, peu chanceux aussi, n’avaient jamais à faire que la besogne dont les autres, les malins, ne voulaient point, parce que très maigre en était le profit.

Aussi Gallot trouvait que si le métier ne manquait pas d’un certain attrait, il ne donnait point des bénéfices en rapport avec les risques à courir.

Monter au sixième ou septième étage d’une maison, crocheter la porte d’une chambre de domestique, faire main basse sur l’argent, les bijoux, le linge et s’esquiver ensuite, tranquillement ; ça, c’est bon.

Mais on peut être surpris, arrêté, emprisonné, ça, c’est mauvais.

Et le pire, c’est que lorsque l’on a été pincé une fois par la police, on retombe toujours entre ses griffes.

Et puis, le bon bourgeois dont nous parlions tout à l’heure n’est pas toujours d’humeur commode ; il ne se laisse pas toujours enlever bénévolement sa montre et son porte-monnaie : il se défend et, parfois, on a à redouter les balles d’un revolver.

Ah ! depuis que sa nièce l’avait quitté, Gallot avait passé par bien des misères.

Ne pouvant vivre seul, sans avoir une femme, il avait pris une maîtresse.

On l’appelait la Chiffonne. Pourquoi ? À cause, sans doute, de son minois chiffonné.

Cette fille, qui n’avait pas pour deux liards de méchanceté, était l’esclave de l’ancien serrurier et son souffre-douleur. Tous les jours, au moins une fois, il la rouait de coups, et il semblait que plus il la battait, plus elle s’attachait fortement à lui.

Il y a de ces femmes-là.

Il est vrai qu’avant d’être en puissance du borgne, elle avait pour souteneur un drôle qui ne valait pas cher non plus, un vrai Barbe-Bleue.

Un jour qu’elle ne lui rapportait pas la pièce de vingt francs qu’il attendait, il la saisit à la gorge et lui serra le cou si fort que la malheureuse râlait et que sa langue lui sortait de la bouche, longue, pendante. Encore un peu et elle était étranglée.

Mais Gallot intervint ; il asséna sur la tête de l’étrangleur un si formidable coup de poing, que le bandit roula sur le sol à moitié assommé.

Ce magnifique coup de poing mit la Chiffonne dans l’admiration ; elle ne vit plus que Gallot était borgne. Mais elle le trouva superbe et se jeta à son cou en lui disant :

– Si tu me veux pour femme, je me donne à toi.

– Ça y est, répondit-il.

Elle prit son bras et il la conduisit dans son taudis, au cinquième étage, rue des Vinaigriers.

La Chiffonne n’avait pas encore trente ans ; elle avait dû être très jolie, car elle avait encore un reste de beauté dont elle faisait trafic.

Elle sortait tous les soirs, à la nuit tombante ; elle faisait sa promenade par les rues, marchant lentement, le long des trottoirs, et, rarement, elle rentrait sans avoir fait lester son porte-monnaie de quelques pièces de quarante sous.

Gallot ne pouvait pas dire qu’il nourrissait la Chiffonne ; c’était la Chiffonne qui faisait vivre Gallot et lui donnait, autant qu’elle le pouvait, pour aller jouer et se saoûler dans les cabarets mal famés du quartier, en compagnie de gredins de son espèce.

C’était ainsi que l’argent de la veille se dépensait le lendemain, et la Chiffonne était toujours à courir après une pièce de cinq francs, une roue de derrière, comme disait Gallot.

Aussi on mangeait quand on pouvait et jamais comme on voulait. Souvent, il fallait danser devant le buffet.

C’était la misère, la misère sombre, dans tout ce qu’elle a de plus hideux, de plus répugnant.

Et c’était surtout quand il ne pouvait pas aller jouer et boire, se vautrer dans l’ordure et qu’il avait les dents longues, le ventre affamé, que Gallot pensait à sa nièce ou plutôt à la fortune du père Clavière dont elle avait hérité.

Ah ! s’il la retrouvait !… Il aurait là une mine d’or à exploiter !

Il y avait des moments où, se rappelant toutes ses recherches en pure perte, il rugissait de fureur.

Alors, les poings crispés, l’œil injecté de sang, grinçant des dents, il menaçait le ciel.

Quoi, elle était riche et il était dans la misère, lui ! N’était-ce pas à se ronger les entrailles ?

C’était elle, la gueuse, c’était elle qui l’avait ruiné, qui l’avait mis sur la paille.

Elle payerait tout cela, elle le payerait cher.

Il semblait au misérable qu’il éprouverait une joie infinie à la torturer, à la martyriser.

Il avait une horrible soif de vengeance.

Il répétait souvent, ayant dans le regard un éclair sinistre.

– Elle a beau faire, il faudra bien qu’un jour ou l’autre elle me tombe sous la patte.

C’est qu’il ne désespérait pas de retrouver la veuve d’André Clavière.

Il avait appris, sans s’être pour cela donné beaucoup de peine, que le corps de la victime du duel de Saint-Cucufa reposait au cimetière du Père-Lachaise.

Mais quelle avait pu être la cause de ce duel ? Il se la demanda, chercha dans sa tête et voici ce qu’il trouva :

Il n’ignorait pas que sa nièce avait eu un amant, dont il n’avait jamais pu savoir le nom. Le duel lui avait livré ce nom, croyait-il : c’était le baron Raoul de Simiane que Marie Sorel avait eu pour amant. André Clavière devait être très amoureux de la jeune fille puisqu’il avait quitté Dijon pour venir la retrouver à Paris. Naturellement, le petit Bourguignon n’avait pu voir d’un bon œil Marie en possession d’un autre. Les deux amoureux s’étaient pris de querelle et, finalement, on était allé sur le terrain. Donc, le duel avait eu pour cause la jalousie.

Mais pourquoi, n’ayant plus que quelques heures à vivre, André Clavière avait-il épousé Marie Sorel ? Voilà ce que Gallot ne pouvait pas comprendre.

Et il se disait :

– Décidément, ce petit Clavière était un fameux jocrisse. Épouser la maîtresse d’un autre et lui laisser toute sa fortune, il n’est pas permis d’être un pareil imbécile.

Gallot avait pensé un instant que sa nièce, après avoir empoché son héritage, avait renoué ses relations avec l’homme qui l’avait enrichie par un coup d’épée ; mais il eut vite acquis la certitude que le baron ne savait pas plus que lui ce que la jeune veuve était devenue.

De Simiane n’avait pas quitté Paris où, coup sur coup, il venait de perdre sa mère et sa sœur aînée, ce qui ne l’empêchait pas de continuer à mener la vie à outrance, d’avoir à la fois plusieurs maîtresses, choisies dans le bataillon des horizontales, histoire de varier la couleur des cheveux et de dépenser des sommes folles.

Un jour, les deux mains dans ses poches, Joseph Gallot s’en était allé au cimetière du Père-Lachaise. Une idée qui lui était venue. Il voulait voir le tombeau élevé à la mémoire d’André Clavière.

Quand il se fut promené pendant une bonne heure à travers les tombes, il se dit que ce serait trop bête de continuer de chercher le tombeau d’André Clavière, qui était perdu dans l’immense nécropole comme une aiguille dans un tas de foin.

Il avait une langue, c’était pour s’en servir.

Il avisa un garde du cimetière, lia vite connaissance avec lui et le pria de le renseigner.

L’homme des morts consulta un livret qu’il avait dans sa poche et dit :

– Venez, suivez-moi.

Il conduisit le borgne devant le monument d’André Clairière.

Il y avait plus d’un an que le corps du malheureux André reposait là, dans un caveau de marbre.

Gallot n’eut pas à faire un long examen pour être certain que la porte qui fermait la petite chapelle n’avait pas été ouverte depuis longtemps. On voyait à l’entrée de la serrure des mouches mortes, desséchées ; d’autres indices révélaient que des araignées avaient élu domicile à l’intérieur de la serrure.

– Serrure de sûreté, premier choix, murmura Callot, qui s’y connaissait ; mais, n’importe, on pourrait tout de même la crocheter, s’il y avait là-dedans quelque chose à prendre.

Le panneau supérieur de la porte de bronze était à jour et représentait divers attributs funéraires ciselés avec soin.

Entre deux urnes au-dessus desquelles des larmes étaient suspendues, le borgne plongea son œil curieux dans l’intérieur de la chapelle. Sur l’autel de marbre il vit un Christ en croix et une statuette de la vierge entre deux anges aux ailes traînantes.

– Ces statuettes sont en albâtre, se dit-il, c’est pas du marbre ; quant au crucifix blanc, c’est du ruolz.

Sur la marche de l’autel il y avait deux grandes couronnes de fleurs naturelles, l’une de pensées, l’autre de roses blanches ; mais les fleurs fanées, sèches, effeuillées, s’en allaient en poussière.

Ces deux couronnes avaient été placées là par la veuve d’André la veille du jour où elle était partie pour Cannes.

D’autres couronnes, dans le même état de vétusté, étaient dressées contre les murs.

Tout disait à Gallot que la tombe d’André Clavière était laissée dans un abandon complet.

– Parbleu, grogna-t-il, elle a son argent, c’est ce qu’elle voulait ; maintenant, elle se fiche pas mal de ce godiche qui s’est fait tuer pour elle.

Mais après un instant de réflexion, il se dit :

– Qui sait ? Faudra voir.

Il revint une fois, deux fois au cimetière. Les pitoyables couronnes étaient toujours là et la porte du monument n’avait pas été ouverte.

Il revint une troisième fois ; c’était au mois de novembre, dans la semaine du jour des morts.

À peine son regard eut-il plongé dans la chapelle, qu’il eut comme un éblouissement.

– Oh ! Oh ! fit-il.

Les deux vieilles couronnes avaient disparu. Deux autres couronnes, de roses blanches l’une et l’autre, les remplaçaient.

Gallot ne se donna pas la peine de constatez que la porte de bronze avait été ouverte ; c’était inutile.

– Enfin, elle est venue, se dit-il.

Il ne doutait pas que ce ne fût la veuve d’André qui avait apporté les couronnes.

– Et il n’y a pas longtemps, reprit-il, c’est peut-être hier ou même ce matin, car ces fleurs sont fraîches comme si on venait de les cueillir. Ah ! tonnerre, si j’avais pu me douter de ça !

Je dois croire maintenant qu’elle était loin, très loin de Paris et qu’elle y est revenue. Enfin elle reparaît, c’est bien. Bon, bon, puisqu’elle est venue au cimetière, elle y reviendra.

Le gredin ne se sentait pas de joie.

Depuis sa première visite au Père-Lachaise il avait fait plus ample connaissance avec le gardien qui lui avait si obligeamment servi de guide, deux fois on s’était rencontré en ville et l’on avait vidé ensemble une vieille bouteille de derrière les fagots.

On était déjà une paire d’amis.

Gallot se mit à la recherche du garde, qu’il ne tarda pas à rencontrer, faisant sa ronde du soir. Il lui dit :

– On est venu faire visite au tombeau d’André Clavière, savez-vous qui ?

– Oui.

– Qui est-ce ?

– Une jeune femme, vingt ans à peine, tout habillée de noir et jolie, jolie, je ne vous dis que ça.

– Quand est-elle venue ?

– Hier, dans l’après-midi.

– Savez-vous qui est cette jeune femme ?

– Non. Mais elle doit être une parente du mort, peut-être sa sœur.

– Oui, fit Gallot, c’est probablement sa sœur. Est-elle entrée dans les bureaux du conservateur ?

– Je ne crois pas.

– Alors vous ne pensez pas qu’elle ait donné son adresse ?

– Je ne peux vous répondre ni oui ni non.

– Mon cher ami, j’ai tout intérêt à savoir où demeure cette jeune dame, si vous pouviez me faire connaître son adresse, vous me rendriez un fameux service.

– Je verrai au bureau.

– C’est cela, je reviendrai demain. Encore un mot : est-ce que la dame était seule ?

– Non, un homme l’accompagnait ; ce devait être son cocher ; c’est lui qui portait les couronnes.

– C’est bien, merci.

Le lendemain, quand Gallot vint trouver le gardien du cimetière, celui-ci lui dit :

– Je n’ai rien pu savoir. Au bureau on ne sait ni le nom, ni l’adresse de la dame ; mais on pense que c’est la veuve du mort.

L’ancien serrurier fit une assez laide grimace ; toutefois, ce n’était qu’une demi-déception, car il n’avait pas beaucoup espéré savoir ainsi, et aussi facilement, où demeurait la jeune veuve.

– Il faudrait, pensait-il en se grattant l’oreille, que je me trouvasse au cimetière un jour où elle y viendra ; alors je n’aurais qu’à la suivre.

En effet, rien n’était plus simple et ne paraissait plus facile.

Mais il eût fallu pour cela que le hasard se fit singulièrement et fort obligeamment le complice de Gallot, puisque Mme Clavière ne venait pas rendre visite à la tombe de son mari à jours fixes.

Pour la surprendre accomplissant son pieux pèlerinage, il aurait fallu l’attendre tous les jours, caché à quelque distance du monument. C’était impossible. Et Gallot voyait toutes les difficultés qui se dressaient devant lui.

Néanmoins, de temps à autre, on le rencontrait encore flânant, la tête inclinée, dans les allées du cimetière.

– En voilà un qui aime rêver au milieu des morts, se disaient les gardiens.

Et, du coin de l’œil, ceux qui ne le connaissaient pas le surveillaient ; sa mauvaise mine et ses allures paraissaient suspectes et on pouvait soupçonner qu’il méditait la violation de quelque sépulture.

Au mois de mai suivant, les anciennes couronnes avaient été remplacées par de nouvelles ; de plus quatre magnifiques bouquets, deux de myosotis et deux de pensées étaient placés sur la tablette de marbre de l’autel.

– Elle est venue ces jours derniers, se dit Gallot, je n’ai pas de chance.

Il s’informa et apprit que la dame, toujours habillée de noir, était suivie, comme l’année précédente au mois de novembre, d’un homme portant les couronnes et deux bouquets, car elle-même en avait un à chaque main.

On lui dit aussi que c’était trois jours auparavant, le 18 mai, que la dame en noir était venue et qu’elle était restée au moins une heure en prière dans la petite chapelle.

Elle avait donné cinq francs de pourboire au garçon du cimetière qui avait enlevé les vieilles couronnes devenues encombrantes.

Gallot, quand il n’avait pas bu, avait une excellente mémoire, la date du 18 mai 1862 y était gravée. C’était ce jour-là qu’André Clavière était mort après le mariage in extremis.

Il était de toute évidence que la jeune veuve n’avait pas voulu laisser passer ce jour anniversaire sans rendre visite à la tombe de son mari sur laquelle elle avait prié après l’avoir fleurie.

– Mille tonnerres ! se disait Gallot, en se frappant le front, je n’ai plus de bonnes inspirations ; faut-il que je sois bête de ne pas m’être souvenu plus tôt, de ne pas avoir deviné qu’elle viendrait au cimetière le 18 mai. C’est égal, voilà qui est bon à savoir, et je ne l’oublierai pas.

Ainsi, en dehors des visites qu’elle pouvait faire au tombeau d’André Clavière dans le courant de l’année, l’ancien serrurier savait maintenant qu’elle venait au cimetière le 18 mai, jour fixe, et dans les premiers jours de novembre à l’occasion de la fête des morts.

– Enfin, se dit-il, je suis sûr d’arriver au but, je vais donc pouvoir la tenir. Ah ah ! elle peut dire celle-là qu’elle m’en aura donné du fil à retordre. Il faut que j’attende encore, mais j’ai la patience du serpent qui guette une proie, j’attendrai.

Il laissa plusieurs mois s’écouler et ne reparut au cimetière qu’à la fin d’octobre. Il constata avec satisfaction que les couronnes et les bouquets apportés au mois de mai étaient encore là.

– Maintenant, se dit-il, il s’agit de ne pas s’endormir et d’ouvrir l’œil.

Le lendemain, – c’était le 31 octobre, – il était devant le cimetière avant l’ouverture des portes, et, dès huit heures, il s’installait à son poste d’observation. Blotti sous les branches pendantes d’un énorme cyprès, nul ne pouvait s’approcher de la sépulture d’André Clavière sans qu’il le vît. Il resta là jusqu’à une heure de l’après-midi ; grognant, mais ne perdant point patience.

La Chiffonne vint enfin le relever de sa faction.

Il était convenu entre eux qu’ils se partageraient les fatigues de la surveillance. Lui guetterait le matin jusqu’à une heure, elle le reste de la soirée. Et cela durerait huit jours, quinze jours s’il le fallait, c’est-à-dire jusqu’à ce que la dame soit venue faire sa visite au tombeau.

Naturellement, la Chiffonne avait reçu l’ordre de sortir du cimetière en même temps que la dame en noir et de la suivre jusqu’à sa demeure.

Le 3 novembre, quand la Chiffonne vint prendre la place de Gallot sous le cyprès, Mme Clavière n’avait pas encore paru.

– Nous ne ferons probablement rien encore aujourd’hui, dit Gallot à la femme ; c’est le 4 novembre qu’elle est venue l’année dernière, si c’est une date choisie, la journée de demain nous promet du nouveau. Mais n’importe, tu vas rester là et, tu sais… la consigne n’est pas de ronfler.

Share on Twitter Share on Facebook