XVII

Ce grand Michel n’était pas un psychologue, mais il avait des intuitions soudaines. Il déchiffra l’aveu qui crispait le visage du bandit et faisait clignoter ses paupières :

– Les preuves sont trop fortes ! affirma-t-il. On sait que vous étiez trois dans la forêt. Il y avait un nommé Tenaille qui est à Paris et qui est pris… ; il y avait vous. Vous portiez des masques de toile. Vous avez ôté le vôtre : on vous a vu ! Et ces bijoux ?

L’autre ricanait en sa manière bestiale et maniaque. Mais il était pâle ; il avait un grelottement.

– Dites la vérité ! clama Michel.

– Je sais rien !

– Vous savez tout !

Cet interrogatoire aurait rempli Duguay d’une gaieté douce. Mais Michel avait pour lui la mystérieuse influence, le prestige énigmatique qui trouble les primitifs. Le malandrin baissait la tête. Il avait encore dans les oreilles la menace de Vaugelade : « Si elle est morte, vous mourrez ! » À cause de la brutalité de sa nature, il croyait le vainqueur capable d’une fureur meurtrière.

– Qu’est-ce que vous voulez savoir ? bégaya-t-il.

– Est-elle morte ? demanda Michel avec tremblement…

Le drille hésita quelques secondes encore. Puis, il vit les preuves accumulées. Il était affaibli, presque épuisé, il se méfiait de Tenaille et de Courte-Échelle, il se méfiait de tout l’inconnu et presque de soi-même :

– Je sais pas ! dit-il. J’en jure que j’sais pas. Nous, on l’a pas zigouillée… Moi, je l’aurais pas fait… J’aurais pas pu : une si bath femme ! Ce qu’est sûr, c’est qu’on ne l’a pas fait. Elle a cavalé. Ah ! elle a chouettement cavalé. J’ai jamais vu une gonzesse comme ça !

Le bandit s’interrompit. Une joie formidable passait sur le visage de Michel. Au travers, l’inquiétude houlait, équivoque et sournoise.

– Écoutez, fit-il d’une voix impressionnante. Si vous ne l’avez pas tuée, je ferai tout pour vous venir en aide auprès de la justice. Je vous donnerai de l’argent. Mais c’est à condition de dire la vérité et rien que la vérité.

La lande était autour d’eux, la lande âpre et dure, l’étendue primitive, la nuit fauve. Ils étaient comme deux sauvages sur la savane ; ce rude décor valait mieux pour agir sur le drille que l’appareil subtil de la police et de la magistrature :

– Je dirai la vérité. J’ai maintenant rien de mieux à dire. Ben ! on a d’abord poursuivi la personne jusqu’au lac, où on croyait la tenir. Elle s’est sauvée dans les roseaux. Quand on est arrivé, il était trop tard ; on n’a trouvé que le chapeau. Elle avait découvert un canot ; on la voyait qui s’ensauvait ; elle ramait comme un homme. Même y aurait plus rien eu à faire pour nous, si Courte-Échelle avait pas trouvé lui aussi un bachot… plus loin… même qu’il ne valait pas grand’chose. On a traversé. On a recommencé la course. C’est alors qu’on s’est mis à trouver des bijoux… de l’or… des perles… des diamants… des pierres vertes et bleues. Y en avait tous les quatre ou cinq cents pas. Naturellement, on regardait, on ramassait, on perdait du temps, vu que c’est pour les bijoux qu’on était venu. C’est alors qu’elle a échappé, dans des buissons. On a eu beau faire, on n’a plus rien vu.

Il y avait un accent de vérité dans ses paroles. Simone, d’intuition plus aiguë que son frère, n’en eût pas douté. Duguay aurait remarqué la netteté du récit. Michel écoutait l’accent : il était dans une minute lucide, comme en crée parfois l’excès de surexcitation. Chaque mot suscitait des images sans nombre. La face de Francisca devenait parfois si distincte qu’il en aurait crié. Ou bien, il reconnaissait le rythme de la course, et ce beau corps de Castillane dont chaque mouvement était une grâce ou évoquait une volupté. La ruse qu’elle avait employée pour retarder la poursuite paraissait si naturelle !

– Vous n’avez plus rien vu ? insista Vaugelade ?

L’autre eut un geste de dénégation, à la fois simple et véhément.

– Alors » pourquoi ne l’a-t-on pas retrouvée ?

– Je peux pas savoir. Tenaille est parti avec Courte-Échelle pour Paname. Même que vous le savez. Ils n’ont plus eu le temps de fourrager dans la forêt.

– Et vous ? Qu’est-ce que vous faisiez dans le pays ?

– Je veux pas mentir. Je suis resté parce que j’espérais trouver le gros brillant.

– Misérable ! hurla Michel. Comment saviez-vous qu’il y avait un gros brillant ?

Sa fureur était si brusque, si imprévue et si farouche, que le bandit fut repris de son grelottement :

– J’en savais rien ! C’est le petit homme qui l’avait dit à Tenaille…

– Quel petit homme ?

– Celui qui a fait marcher Tenaille et qui promettait vingt-cinq mille balles pour le gros brillant.

– Vous connaissiez cet homme ?

– Je l’ai jamais vu. C’est à Tenaille qu’il a proposé l’affaire. Tenaille m’a mis avec lui et Courte-Échelle, vu que je suis cul terreux et que je connaissais la forêt.

– D’où venait-il ?

– J’en sais encore moins. Paraît qu’il était envoyé à Tenaille par un poteau.

– Vous ne savez rien de plus ?

– Je vous le dirais. Je n’ai plus aucun intérêt à mentir et j’aimerais mieux qu’on pige ce gonse !

Peu à peu, dans l’âme de Michel, l’inquiétude avait assombri la joie, comme la nue d’orage assombrit la clarté d’un fleuve. Il croyait que Francisca avait échappé aux trois bandits, mais il entrevoyait une autre énigme. Les propos de Duguay revenaient à sa mémoire, justifiés par l’événement. Ceux qui avaient tué le cocher Marcel et pourchassé Mme de Escalante n’étaient que des comparses. Et, puisqu’elle n’était pas revenue, une tragédie plus obscure encore se superposait à la première.

– Qui était avec vous ? fit presque machinalement le jeune homme.

– Mon frère.

– Il vous ressemble ?

– C’est mon besson.

Et le bandit affirma avec véhémence :

– Il n’est pas dans l’affaire… Ce qu’il a fait, c’est pour me sauver et rien de plus.

– Il est du pays ?

– On en est tous deux, c’est-à-dire de là-bas : Saint-Julien-aux-Loups. On se nomme Martin.

Ils marchèrent en silence. Puis Martin remarqua :

– Faudrait pas que Tenaille sache que j’ai parlé.

Michel réfléchit un moment et répondit :

– Je tâcherai qu’il n’en sache rien.

– Ça vaudrait peut-être mieux pour vous autres aussi, insinua le gredin. On pourrait lui dresser des pièges…

Tandis qu’ils gravissaient un mamelon, Loup-Garou prit les devants. Parvenu au sommet, Michel vit s’avancer un homme, suivi à distance de trois autres individus. Il discerna Martial à sa démarche et, plus tard, l’inspecteur Duguay. Le troisième était le frère de Martin. Le dernier, un paysan.

Duguay, après avoir organisé la poursuite, s’était rabattu avec un compagnon dans la direction où il croyait retrouver Michel et Martial. Le sort lui avait été favorable. Il avait rejoint le rôdeur qui veillait sur son captif et procédé à l’interrogatoire de ce dernier. Le braconnier Martin avait adopté le système taciturne et, tout d’abord, refusé de faire le moindre mouvement. Il finit par céder à l’envie de se retrouver sur ses jambes et, les mains liées derrière le dos, il suivit les trois hommes avec une lenteur savante. Martial avait repris la piste, mais, privé du concours des chiens, il n’allait guère vite. Quoi qu’il eût confiance dans la force et même dans la ruse de Vaugelade, il le savait enclin à d’irrésistibles fougues : heureusement, il y avait aussi Loup-Garou et Dévorant.

Dès qu’il vit Michel, il prit le galop… Dix minutes plus tard, les six hommes étaient réunis et Duguay renvoyait le paysan, avec mission d’avertir les auxiliaires qu’ils eussent à interrompre toute poursuite.

Après quoi, le détective se disposa à cuisiner le deuxième Martin. Mais Michel, ayant confié sa prise à Martial, s’écarta avec l’inspecteur et narra – brièvement – ce qu’il venait d’apprendre.

– C’est du travail utile ! approuva Duguay… Et qui ouvre des fenêtres ! Si cette fripouille a dit vrai, et c’est pour le moins probable, nous discernons à merveille la partie subalterne de l’affaire ! D’abord, et je crois utile de faire remarquer que c’était mon opinion, continua-t-il avec satisfaction, – les trois types incriminés sont des figurants – oh ! des figurants féroces… capables d’exécuter une rude besogne, mais enfin des seigneurs de moindre importance ! Il devient évident que notre ami Martial a été, dans sa partie, d’une clairvoyance parfaite. Il nous avait presque convaincus que Mme de Escalante avait échappé à la première poursuite et c’est à lui que nous devons le résultat inestimable de cette nuit. Seulement, voilà ; Mme de Escalante n’en a pas moins disparu ! Si nous savons désormais qu’un péril a été évité, nous savons aussi qu’un autre a pu se dresser devant elle. Le rôle de Martial prend fin. C’est entre X… et moi que va se livrer la bataille. Et la question capitale est posée : Mme de Escalante vit-elle encore ?

La disparition de Francisca remontait maintenant à trois jours pleins. L’enquête, intensive et rapide, avait en somme utilisé tous les faits et tous les indices. Rarement, plus de sagacité humaine et même animale s’était dépensée autour d’une énigme criminelle. Barguigne avait déployé toutes les finesses sauvages, tout le flair qu’on attribue aux Indiens Peaux-Rouges ; Dévorant et Loup-Garou s’étaient montrés supérieurs, de beaucoup, aux meilleurs chiens policiers ; Simone et Michel avaient obtenu des aveux précieux ; Duguay, qui venait de partir pour Paris, où il « cuisinait » Tenaille et sa maîtresse, avait tiré des circonstances les conclusions subtiles et logiques, propres à coordonner les recherches. Au total, on connaissait à peu près les péripéties de la fuite de Francisca, depuis la route des Loups jusqu’aux Roches Bleues et même jusqu’aux Trois Sources. On savait que les trois bandits masqués avaient perdu la piste de la fugitive ; on savait aussi que leur action centrale et que leurs grossières individualités ne jouaient dans l’aventure qu’un rôle subordonné. Le rôle de vedette, comme on dit au théâtre, était tenu par un autre personnage, ce que Duguay ainsi que Simone soupçonnaient depuis près de quarante-huit heures.

*

* *

Vers le déclin de l’après-midi, Michel et Simone se retrouvèrent au château. Tous deux avaient passé dehors la plus grande partie du jour. Michel cherchait avec Martial de nouveaux indices aux Trois Sources et dans les environs ; Simone faisait une enquête auprès des habitantes du pays dont, pour une raison ou une autre, elle croyait pouvoir tirer quelque renseignement utile.

Depuis la veille, Mme Micaëla de Vargas et sa tante, la demoiselle Costanza de Gamboa, étaient descendues aux Éperviers. Dona Micaëla montrait un visage taillé à la diable, mais auquel une pâleur éclatante, des yeux fervents et vastes, une bouche couleur coquelicot, où le sourire faisait passer des rais de nacre, donnaient beaucoup d’agrément.

Costanza, la lèvre moustachue, le teint safrané, les mouvements tour à tour engourdis et agiles, avait au repos une face extatique et, lorsqu’elle s’animait, un masque où se mêlaient étrangement la tendresse et l’inquiétude. Elle semblait n’avoir guère de vie individuelle, tellement elle rapportait ses actes et ses sentiments à sa nièce. On connaissait, dans les familles de Escalante, de Gamboa et de Canelo, le dévouement généreux de cette femme, qu’un amour baroque et malheureux avait maintenue dans le célibat, en dépit d’un inextinguible besoin de maternité.

Dona Micaëla, selon les fluctuations de l’enquête, passait de l’affliction à l’espérance. Cette jeune femme gardait en partie les dons séduisants de l’enfance ; elle vivait presque uniquement dans le présent, tout de suite hypnotisée par une image ou un fait nouveaux. D’ailleurs, son affection pour Francisca était vive. Costanza, dont les impressions s’espaçaient davantage, suivait les événements avec une « nonchalance attentive ». Il ne semblait pas qu’elle y prît spontanément un grand intérêt : les émotions qui apparaissaient sur son visage safrané semblaient être, en général, le reflet des émotions de sa nièce. Mais l’une et l’autre ne se rattachaient pas seulement au drame par leurs impressions. Elles avaient dû répondre d’abord aux questions de Duguay, qui tenait à éclairer sa psychologie par des renseignements sur la famille. Cet interrogatoire n’avait donné aucun résultat positif. Néanmoins, Simone y revenait continuellement. Elle interrogeait de préférence la tante, car les souvenirs de Mme de Vargas se décelaient futiles et restreints. La vieille fille, au contraire, possédait un répertoire varié et nombreux, tant sur l’histoire que sur les ramifications des Gamboa, Escalante et Canelo. Elle répondait, sans entrain, mais avec patience, clarté, minutie, et jamais à la légère. À la moindre incertitude, elle réfléchissait, parfois longuement, avec son air d’attentive nonchalance. Comme il fallait s’y attendre, elle n’avait aucune idée de la substitution, elle avouait ne pouvoir imaginer aucun motif plausible. Toutefois, elle inclinait vers des idées de vengeance. Deux ou trois fois, elle s’anima à ce sujet, et son visage sortit de sa torpeur.

– Aucun des membres de la famille » affirmait-elle, ne fut avide d’argent. Les pauvres – qui n’étaient que relativement pauvres – vivaient insoucieux. À l’époque où le père et la mère de Micaëla ne jouissaient que d’un revenu modeste, je ne les ai jamais vus s’inquiéter du lendemain. Gregorio s’amusait des moindres choses comme un enfant. C’était un de ces hommes qui trouvent de la volupté à boire un verre d’eau fraîche, et il riait de joie devant une rose ou un rayon de soleil. Carmen était une sainte – une sainte gaie… Non, croyez-moi, il doit y avoir une histoire d’amour… ou une injure, à l’origine de cette affaire.

– Mais, objectait Simone, pourquoi tout s’est-il assoupi depuis tant d’années ?

– C’est peut-être une apparence ! Du reste, n’y a-t-il pas eu une nouvelle affaire ?

– Laquelle ?… La mort de Ramon.

La tante haussait les épaules avec un dédain tranquille.

– Pourquoi la mort de Ramon ?

Mlle de Vaugelade devait bien s’avouer que ces causeries ne dissipaient aucune ombre. Tout demeurait vague, lointain, opaque. Elle finit par ne questionner qu’au hasard de l’inspiration. Elle vivait avec une intensité croissante. Cette obsession qui avait commencé en elle, quelques heures après l’arrivée de l’inspecteur, ne cessait plus une minute. Simone se sentait incapable de découvrir des indices matériels, mais il lui semblait qu’elle pouvait tirer quelque chose, par voie intuitive, des faits acquis. Comme trop d’idées lui passaient par la tête pour les retenir toutes, elle griffonnait des notes et, quelquefois, prenait un croquis. La relecture des notes établissait des corrélations nouvelles. Par malheur, tout restait négatif. Son travail ressemblait, avec moins de méthode, aux travaux de ces savants qui aiment à procéder par élimination. Seulement, les savants ont en vue « un résidu » qu’ils connaissent grosso modo ou qu’ils pressentent : Simone ne voyait aucun résidu. Sa solution aboutissait au vide.

Lorsque Duguay télégraphia l’arrestation de Tenaille et de sa maîtresse, Mlle de Vaugelade se sentit un grand désir de voir ces criminels. Elle dit à Dubard :

– Ne serait-il pas utile que vous les fassiez venir ici ?

Dubard n’avait sur ce point aucun avis personnel. Plus l’affaire avançait, moins il s’efforçait de la résoudre. Il en faisait noter les phases avec soin, par le sieur Brindemarre, son greffier, et montrait un visage optimiste. Pour lui, tout marchait à merveille. On tenait deux des criminels ; l’arrestation d’un troisième, le nommé Varjusse, dit Courte-Échelle, semblait imminente. C’étaient là des résultats positifs, irréfutables, inespérés. Il savait qu’il en tirerait de toute manière profit et considération. Déjà des épithètes agréables s’accolaient à son nom dans les colonnes des journaux. Il estimait les avoir méritées. Non qu’il s’attribuât une perspicacité surprenante : il ne croyait guère à cette perspicacité – mais il avait suivi ses principes : accepter toutes les collaborations, ne pas se rebiffer contre l’opinion du prochain, ne pas décourager les initiatives, même téméraires, ni les vanités, même puériles. Ce faisant, il agissait en philosophe, il profitait sans fatigue et avec malice de l’activité de son semblable : selon lui, c’était le comble de la sagesse positiviste et sociologique…

– C’est assez la coutume, répondit-il à Simone, de mener les criminels au lieu où ils ont commis leur forfait… Toute coutume consacrée par le temps a des racines profondes. Il y a dix chances contre une qu’elle soit judicieuse. Nous ferons donc venir ce Tenaille et la dame en qui nous pouvons présumer une complice.

Il disait nous avec une emphase discrète, avec le sentiment de cette royauté qu’exerce le fonctionnaire insuffisamment rétribué qu’est un juge d’instruction. Il ne lui était pas désagréable d’obtempérer, tout en remplissant son devoir, au désir de cette charmante fille.

Michel avait le même désir, mais tandis que Simone comptait surtout interroger la femme, il espérait tirer les aveux de Tenaille.

À leur retour aux Éperviers, Dubard leur communiqua les dernières nouvelles :

– Le Tenaille, dit-il, confirme les dires de votre Martin. Je pense que Duguay a obtenu les aveux par quelque subterfuge. Peu importe. Le principal est qu’il y ait accord, quant à la genèse du crime.

– Le petit homme… commença Michel.

– Le petit homme, oui, reprit Dubard, en consultant un papier bleu. Peut-être confronterons-nous demain Martin et Tenaille.

– Croyez-vous ? fit vivement Simone.

Dubard sourit de côté, ce qui était sa manière fine :

– On dirait que ce n’est pas votre avis ?

– Non, dit-elle, ou du moins il faudrait attendre !

– Eh ! repartit le juge, avez-vous cru qu’on allait les mettre bonnement face à face ? La justice est boiteuse, mademoiselle, et c’est, non malgré, mais à cause de cela qu’elle arrive.

Simone était devenue subitement distraite. Ses pommettes rosissaient ; son regard semblait fixer quelque perspective très lointaine ; son souffle était suspendu :

– Qui sait ? murmura-t-elle machinalement.

– Quoi donc ? demanda le juge.

Elle devint plus rouge encore, puis blême – et elle avait un petit tremblement de la lèvre.

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