SCÈNE IX

FRANÇOIS, seul.

François ! François ! Que s’est-il donc passé ? Où étaient ton courage et ta présence d’esprit ordinaire ?… (Comme suffoqué.) Ah ! mes propres créatures me trahissent… Les soutiens de ma fortune commencent à chanceler, et l’ennemi superbe entre avec fureur… Allons ! une prompte résolution !… Eh !… si j’allais moi-même… lui percer le dos d’un coup d’épée… Un homme blessé est un enfant. (Il marche à grands pas et s’arrête tout à coup avec un découragement qui décèle toute sa frayeur)… Qui suit tout doucement mes pas ? (Il roule autour de lui des yeux hagards.) Des figures que je n’ai jamais vues, des voix qui font grincer les dents ! Du courage ! certes, j’en ai… du courage… autant qu’un homme peut en avoir… Si une glace me trahissait, ou mon ombre, ou le vent de mon geste meurtrier ? Je frémis, mes cheveux se hérissent de peur, la moelle de mes os est sèche !… (Un poignard échappé de ses vêtements tombe à terre.) Je ne suis pas lâche… j’ai le cœur trop tendre… oui, c’est cela !… Ce sont les convulsions de la vertu mourante… Je l’admire… Il faudrait que je fusse un monstre pour tuer de mes mains mon propre frère. Non ! non ! non ! Loin de moi cette pensée… Ces restes d’humanité que je sens bouleverser mon être… Ah ! écoutons-les… Je ne veux pas tuer… Triomphe, nature… et moi aussi je sens encore quelque chose qui ressemble à l’amour… Qu’il vive ! (Il sort.)

Share on Twitter Share on Facebook