SCÈNE X

Un jardin.

AMÉLIE, seule sous un berceau où viennent aboutir plusieurs allées couvertes.

« Tu pleures, Amélie !… » et il a dit cela avec une expression… une expression… J’ai cru sentir le temps se rajeunir et s’épanouir tous les printemps d’or de l’amour… Le rossignol chantait comme il chante en ce moment, et j’étais ivre de joie… Il me pressait contre son cœur… Ah ! si les âmes des morts ont commerce avec les vivants, cet étranger est l’ange, le bon génie de Charles !… Vois-tu, cœur faux et perfide, avec quel artifice tu embellis ton parjure ? Non ! non ! sors de mon âme, tu me fais horreur ! Loin de mon cœur, vœux impies ! Jamais fils de la terre n’habitera dans ce cœur où Charles est enseveli… Cependant, pourquoi mes pensées s’attachent-elles si fortement, si longtemps à cet inconnu, entrelacées dans les traits de mon Charles, comme confondues dans l’image de mon Charles bien-aimé ? « Tu pleures, Amélie ? » Ah ! fuis ! fuis ! Demain, je serai une sainte. (Elle se lève.) Une sainte ? Pauvre cœur ! quel mot as-tu prononcé ? Les sons en étaient si doux à mon oreille charmée… et maintenant… maintenant… tu m’as trahi, mon cœur. Tu me persuadais que c’était une victoire que je remportais sur toi (la main sur son cœur) ; tu m’as trahi. C’était du désespoir. (Elle s’assied sur un banc de gazon et se cache la figure dans ses mains.)

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