AMÉLIE, HERMANN, venant le long d’une allée couverte.
HERMANN, à part.
Le premier pas est fait… Maintenant, que la tempête éclate, dût-elle monter jusqu’à mon gosier. (Haut.) Mademoiselle Amélie ! mademoiselle Amélie !
AMÉLIE, effrayée.
Un espion ! Que cherches-tu ici ?
HERMANN.
J’apporte des nouvelles plaisantes, joyeuses et horribles. Si vous êtes disposée à pardonner des offenses, vous entendrez des prodiges.
AMÉLIE.
Je n’ai point de mémoire pour des offenses, fais-moi grâce de tes nouvelles.
HERMANN.
Ne pleurez-vous pas un fiancé ?
AMÉLIE, le mesurant d’un long regard.
Enfant du malheur ! où sont tes droits à me faire cette question ?
HERMANN, avec un regard sombre.
Haine et amour.
AMÉLIE, amèrement.
Y a-t-il au monde quelqu’un qui aime ?
HERMANN, roulant des yeux féroces.
Jusqu’à se faire scélérat !… Depuis peu, ne vous est-il pas mort un oncle ?
AMÉLIE, tendrement.
Un père !
HERMANN.
Le père, le fiancé… Ils vivent !… (Il s’enfuit.)