Scène III

Sur les frontières de la Saxe. – Une auberge.

CHARLES MOOR, seul, se promenant avec impatience.

Où diable peuvent-ils être ?… Ils auront fait une course à cheval… Holà ! du vin ici, je n’en ai plus !… Il est bientôt nuit et la poste n’est pas arrivée. (La main sur le cœur.) Jeune homme ! jeune homme ! comme il palpite là !… Du vin, du vin donc ! J’ai aujourd’hui doublement besoin de mon courage… pour la joie ou pour le désespoir… ( On apporte du vin, il boit et frappe la table de son verre.) Maudite inégalité parmi les hommes ! L’argent se rouille dans les trésors de l’avarice, et la pauvreté attache du plomb à la plus noble entreprise de la jeunesse… Des drôles qui crèveraient dix fois avant de pouvoir compter leurs rentes, ont usé le seuil de ma porte pour arracher une poignée de misérables dettes… J’avais beau leur serrer la main avec un épanchement du cœur : « Je ne vous demande qu’un jour ! » Prières, serments, ils n’entendent rien. Les prières, les serments, les larmes rebondissent sur leur peau de bouc…

Share on Twitter Share on Facebook