« J’ai vu des merveilles jadis.
« Le fils de Robin, mon compère,
« Eût passé par une chatière. »
Le Fat.
Au milieu de l’agitation générale qui régnait dans le château et les environs, ce n’était pas chose facile que de trouver un individu ; et Wayland était moins en état que personne de découvrir Tressilian, parce que, connaissant les dangers qu’il y avait d’attirer l’attention sur lui, il n’osait s’adresser aux gens de la maison de Leicester.
Au moyen de questions indirectes, il apprit cependant que Tressilian devait faire partie des gentilshommes de la suite du comte de Sussex, et qu’ils étaient arrivés ce matin même à Kenilworth, où Leicester les avait reçus avec toutes sortes d’égards. Quelqu’un ajouta que les deux comtes avec leur suite, et plusieurs autres seigneurs et chevaliers, étaient montés à cheval, et venaient de partir pour Warwick, afin d’escorter la reine jusqu’à Kenilworth.
L’arrivée d’Élisabeth, comme maint autre grand événement, était retardée d’heure en heure ; enfin un courrier hors d’haleine vint annoncer que Sa Majesté, retenue par le désir qu’elle avait de recevoir les hommages de ses vassaux accourus en foule à Warwick, ne serait au château qu’à la nuit tombante. Cette nouvelle donna un moment de relâche à ceux qui, dans l’attente de l’arrivée prochaine de la reine, se tenaient en haleine pour jouer, le rôle qu’on leur avait destiné dans la cérémonie de cette réception.
Wayland, s’étant aperçu que plusieurs cavaliers se dirigeaient vers le château, espéra que Tressilian se trouverait parmi eux. Pour s’en assurer, il courut se placer dans la grande cour, près de la tour de Mortimer ; et, dans ce poste, il ne pouvait entrer ni sortir personne qui ne fût aperçu par Wayland. Là il observait avec attention le costume et la tournure de chaque cavalier, quand, après avoir passé par la tour de la Galerie, il traversait en caracolant l’arène formée sur le pont, et s’avançait dans la cour.
Tandis que Wayland était ainsi placé en sentinelle pour découvrir Tressilian qu’il ne voyait pas, il se sentit tirer la manche par quelqu’un dont il aurait voulu lui-même ne pas être vu.
C’était Dick Sludge ou Flibbertigibbet, qui, semblable au lutin dont il portait le nom et le costume, semblait être toujours pendu à l’oreille de ceux qui pensaient le moins à lui. Quelque fâcheuse que cette rencontre inattendue parût à Wayland, il crut sage de dissimuler sa mauvaise humeur, et s’écria :
– Ah ! c’est toi, mon petit bonhomme, mon petit poisson, mon prince des cacodémons, mon petit rat ?
– Oui, répondit Dick, le rat qui a rongé une à une les mailles du filet, quand le lion qui s’y était laissé prendre commençait à avoir l’air d’un âne.
– Mon petit trotte-gouttières, tu es piquant comme du vinaigre cette après-midi ; mais, dis-moi, comment t’en es-tu tiré avec le géant, quand je t’ai laissé seul avec lui ? Je craignais qu’il ne te déshabillât et ne fît de toi qu’une bouchée, comme on avale un marron rôti.
– Oh ! repartit le nain, s’il l’eût fait, il aurait eu plus de cervelle dans son ventre qu’il n’en eut jamais dans sa tête. Mais le géant est un être tout-à-fait courtois, et plus reconnaissant que bien d’autres personnes que j’ai secourues dans les momens d’embarras, M. Wayland.
– Diable, Flibbertigibbet, tu es plus mordant qu’une lame de Sheffield. Cependant je voudrais bien savoir de quel charme tu t’es servi pour museler ce vieil ours.
– Oui, voilà comme vous êtes ! vous croyez que de belles paroles vous dispensent des actions. Quant à cet honnête portier, je vous dirai que lorsque nous arrivâmes au château sa cervelle était troublée par un discours qu’on a composé pour lui, et qui paraît être au-dessus de son intelligence, moins grande que son corps. Comme cet éloquent ouvrage est, ainsi que bien d’autres, de la composition de mon docte magister, M. Érasme Holyday, je l’ai entendu répéter si souvent que je me le rappelle jusqu’au dernier mot. Quand j’ai vu le géant s’embrouiller et s’agiter comme un poisson sur le sable, et que j’ai compris qu’il était arrêté par son premier vers, je lui ai soufflé le mot. C’est alors qu’ainsi que vous l’avez vu, il m’a pris dans ses bras, et m’a levé jusqu’à son oreille dans son ravissement. Pour l’engager à vous laisser entrer, je lui ai promis de me cacher sous sa peau d’ours, et de venir au secours de sa mémoire quand il faudra réciter le compliment. Je viens de prendre un peu de nourriture, et je retourne auprès de lui.
– C’est bien, c’est très bien, mon cher Dick ! dépêche-toi, pour l’amour de Dieu ; car ce pauvre géant doit être tourmenté de l’absence de son petit souffleur. Allons, porte-toi bien, Dick.
– Oh oui, répondit le lutin, porte-toi bien. C’est ainsi qu’on me remercie quand on a tiré de moi tout ce qu’on a voulu. Tu ne consens donc pas à m’apprendre l’histoire de cette dame, qui est ta sœur comme moi ?
– À quoi te servirait de l’apprendre, petit lutin ?
– N’as-tu que cela à me dire ? À la bonne heure, je m’en soucie fort peu. Je te dirai seulement que je ne trahis jamais un secret, mais que je travaille toujours à faire échouer les projets qu’on me cache. Je te souhaite le bonsoir.
– Ne t’en va pas si vite, répondit Wayland, qui connaissait trop bien l’infatigable activité de Flibbertigibbet pour ne pas la redouter. Pas si vite, mon cher Dick ; on ne se sépare pas si brusquement de ses vieux amis. Tu sauras un jour tout ce que je sais moi-même de cette dame.
– Oui, répondit Dick ; et ce jour-là n’est peut-être pas bien éloigné. Porte-toi bien, Wayland : je retourne auprès de mon géant ; s’il n’a pas l’esprit aussi fin que bien d’autres, il est au moins plus reconnaissant des services qu’on lui rend. Ainsi, je te le répète, bonsoir.
En disant ces mots il fit une gambade, et, continuant à courir avec son agilité accoutumée, il disparut en un instant.
– Plût à Dieu que je fusse déjà hors de ce château ! dit Wayland. Si une fois ce nain malicieux met le doigt dans le pâté, ce sera un mets digne de Satan lui-même. Du moins si je pouvais rencontrer M. Tressilian !
Tressilian, qu’il attendait avec tant d’impatience, venait d’entrer à Kenilworth par un côté opposé à celui où se tenait Wayland. Il était sorti du château le matin même pour accompagner les deux comtes à Warwick, ainsi que Wayland l’avait pensé, espérant apprendre dans cette ville quelques nouvelles de son émissaire. Trompé dans cet espoir, et s’apercevant que Varney, qui faisait partie de la suite de Leicester, paraissait vouloir s’approcher de lui pour lui parler, il jugea prudent d’éviter l’entrevue dans les circonstances présentes, et sortit de la salle d’audience de la reine pendant que le shériff du comté haranguait Sa Majesté. Il remonta à cheval, revint à Kenilworth par un chemin détourné, et entra dans le château par une porte dérobée, qu’on lui ouvrit sans difficulté quand on le reconnut pour un des officiers de la suite du comte de Sussex, envers lesquels Leicester avait ordonné de montrer la plus grande courtoisie. Il ne rencontra donc pas Wayland, qui attendait son arrivée avec une si vive impatience, et que de son côté il eût été si charmé de voir.
Après avoir remis son cheval à son domestique, Tressilian se promena pendant quelques instans dans ce qu’on appelait la Plaisance et dans les jardins, bien moins pour y admirer les beautés de la nature et les chefs-d’œuvre de l’art que Leicester y avait réunis, que pour s’y livrer sans distraction à ses pénibles idées. La plupart des personnes de marque avaient quitté le château pour accompagner les deux comtes ; tous ceux qui étaient restés avaient pris place sur les créneaux, les murs extérieurs et les tours, pour jouir du magnifique coup d’œil de l’entrée de la reine. Ainsi, tandis que tout le château retentissait de cris et de tumulte, le jardin seul restait calme et paisible. Le silence n’y était interrompu que par le frémissement des feuilles, le chant des oiseaux, dont un grand nombre, enfermés dans une vaste volière, semblaient disputer le prix de la mélodie à leurs heureux compagnons, habitans libres de l’air, et par la chute de l’eau, qui, lancée par des figures d’une forme fantastique et grotesque, retombait dans de superbes bassins de marbre d’Italie.
L’imagination mélancolique de Tressilian couvrait d’un voile sombre tous les objets qui l’entouraient. Il comparait les ruines magnifiques qu’il avait sous les yeux aux épaisses forêts et aux bruyères sauvages qui environnent Lidcote-Hall ; et l’image d’Amy Robsart errait comme un fantôme dans tous les paysages que sa triste pensée lui retraçait.
Il n’est peut-être rien de plus funeste au bonheur des hommes amis de la rêverie et de la solitude que de nourrir de bonne heure une passion malheureuse ; elle jette dans leur cœur de si profondes racines qu’elle devient leur songe de toutes les nuits et leur pensée de tous les jours.
Ce malaise de cœur, ces regrets qui nous entraînent encore à la poursuite d’une ombre qui a perdu tout l’éclat de ses couleurs, cet éternel retour vers un songe cruellement interrompu, c’est la faiblesse d’un cœur noble et généreux ; c’était celle de Tressilian.
Il sentit enfin lui-même la nécessité de se distraire, et sortit de la Plaisance pour se joindre à la foule bruyante qui couronnait les remparts, afin de voir les préparatifs de la cérémonie. Mais quand son oreille entendit ce tumulte, cette musique, ces cris de joie qui retentissaient de toutes parts, il éprouva une invincible répugnance à se mêler à des gens dont les sentimens étaient si peu en harmonie avec les siens, et il résolut de se retirer dans sa chambre, et d’y rester jusqu’à ce que la grande cloche du château annonçât l’arrivée d’Élisabeth.
Il traversa le passage qui séparait les cuisines de la grand’salle, et monta au troisième étage de la tour de Mervyn. Il poussa la porte du petit appartement qu’on lui avait assigné, et fut surpris de la trouver fermée ; mais il se souvint que le chambellan lui en avait remis une clef en l’avertissant que, dans la confusion qui régnait au château, il fallait avoir soin de tenir la porte bien close. Il mit la clef dans la serrure, ouvrit la porte, et aperçut aussitôt une femme qui lui retraçait Amy Robsart. Sa première idée fut que son imagination troublée lui présentait un fantôme trompeur ; mais il fut bientôt convaincu que c’était Amy elle-même qu’il voyait, plus pâle, il est vrai, que dans ces jours de bonheur où elle unissait aux formes et à la fraîcheur d’une nymphe des bois la taille d’une sylphide ; mais c’était encore cette Amy dont les yeux n’avaient jamais rencontré l’égale en beauté sur la terre.
La comtesse ne fut pas moins étonnée que Tressilian, quoique sa surprise ne fût pas de si longue durée, car elle avait appris de Wayland qu’il était dans le château. Elle avait tressailli et s’était levée à son entrée. Debout vis-à-vis lui, elle ne put empêcher une vive rougeur de remplacer la pâleur mortelle de son visage.
– Tressilian, dit-elle, que venez-vous chercher ici ?
– Mais vous-même, Amy, que venez-vous y faire ? Venez-vous réclamer un secours qui ne vous sera jamais refusé, s’il peut dépendre de mon cœur ou de mon bras ?
Elle garda un moment le silence, puis elle répondit d’une voix qui exprimait plutôt la douleur que la colère : – Tressilian, je n’implore les secours de personne ; ceux que votre bonté pourrait m’offrir me seraient plus nuisibles qu’utiles. Croyez-moi, il y a près d’ici quelqu’un que les lois et l’amour obligent à me protéger.
– Ce misérable vous a donc fait la triste réparation qui restait en son pouvoir, dit Tressilian ; et je vois devant moi l’épouse de Varney !
– L’épouse de Varney ! répondit-elle avec toute l’emphase du mépris ; de quel infâme nom osez-vous déshonorer la… la… la… Elle hésita, balbutia, baissa les yeux, et resta confuse et muette, car elle se rappela les fatales conséquences auxquelles elle s’exposait si elle eût ajouté la comtesse de Leicester ; c’eût été trahir le secret dont la fortune de son époux dépendait ; c’eût été le dévoiler à Tressilian, à Sussex, à la reine, à toute la cour. – Jamais, pensa-t-elle, jamais je ne violerai le silence que j’ai promis ; je préfère m’exposer aux plus odieux soupçons !
Ses yeux se remplirent de larmes ; elle resta muette devant Tressilian. Après avoir jeté sur elle un regard mêlé de douleur et de pitié, Tressilian lui dit : – Hélas ; Amy, vos yeux démentent votre bouche : vous parlez d’un protecteur qui veut et qui peut vous défendre : mais ces larmes me disent que vous avez été abusée et abandonnée par le misérable auquel vous aviez donné votre affection.
Elle le regarda avec des yeux où la colère étincelait à travers les larmes, et se contenta de répéter avec l’accent du mépris : Le misérable.
– Oui, le misérable ! dit Tressilian, et ce n’est pas dire assez. Mais pourquoi donc êtes-vous ici, seule dans mon appartement ? pourquoi n’a-t-il pas pris des mesures pour vous recevoir avec honneur ?
– Dans votre appartement ! s’écria Amy. Je vais vous délivrer de ma présence ! Aussitôt elle courut pour sortir ; mais le souvenir de l’abandon où elle se trouvait vint alors s’offrir à sa pensée ; s’arrêtant sur le seuil de la porte, elle ajouta d’un ton douloureux et déchirant : – Hélas ! je l’oubliais. Je ne sais où aller.
– Je le vois, je le vois bien, dit Tressilian en volant auprès d’elle et la reconduisant vers le fauteuil, où elle se laissa tomber ; vous avez besoin de secours ; oui, vous avez besoin d’un protecteur, quoique vous craigniez de me le dire ; mais vous ne resterez pas sans défense ; vous vous appuierez sur mon bras. Je représenterai votre digne et malheureux père, et nous irons ensemble sur le seuil même du château ; vous vous présenterez à Élisabeth, et son premier acte à Kenilworth sera un acte de justice envers son sexe et ses sujets. Fort de la bonté de ma cause et de la justice de la reine, la puissance de son favori ne m’arrêtera pas ; je cours trouver Sussex.
– N’en faites rien, au nom du ciel ! s’écria la comtesse alarmée, qui sentait la nécessité de gagner du temps. Tressilian, vous êtes généreux ; accordez-moi une grâce… Croyez, si vous désirez me sauver de la misère et du désespoir, que vous ferez plus pour moi en m’accordant ce que je vous demande qu’Élisabeth n’en peut faire avec tout son pouvoir.
– Demandez-moi tout ce dont vous pourrez m’alléguer la raison, dit Tressilian ; mais n’exigez pas de moi…
– Oh ! ne mettez pas de condition, cher Edmond, s’écria la comtesse : vous aimiez autrefois à m’entendre vous donner ce nom. Ne me parlez pas de raison ; il n’y a que démence dans ma position ; la démence peut seule me dicter un conseil salutaire.
– Si vous parlez ainsi, dit Tressilian à qui l’étonnement faisait oublier sa douleur et sa résolution, je dois croire que vous êtes incapable de penser et d’agir par vous-même.
– Oh, non ! s’écria-t-elle en fléchissant un genou devant lui ; non, je ne suis pas insensée ; mais je suis la plus malheureuse des femmes, entraînée vers le bord du précipice par un concours de circonstances extraordinaires et par le bras même de celui qui pense m’en sauver… par le vôtre même, Tressilian… par vous que j’honorais, que j’estimais, pour qui j’éprouvais tous les sentimens, excepté celui de l’amour, et que j’aimais pourtant, je puis le dire, quoique ce ne fût pas comme vous l’auriez désiré.
Il y avait à la fois dans sa voix et ses gestes tant d’énergie et de douleur, il y avait surtout un appel si touchant à la générosité de Tressilian, qu’il en fut profondément ému. Il la releva, et d’une voix entrecoupée il l’engagea à se rassurer.
– Je ne le puis, dit-elle ; je ne me rassurerai que lorsque vous m’aurez accordé ce que je vous demande. Écoutez-moi ; je vais parler aussi clairement que je le pourrai. J’attends les ordres de quelqu’un qui a le droit de m’en donner ;… l’intervention d’un étranger… la vôtre surtout, Tressilian, me perdrait… et me perdrait sans ressource. Attendez seulement vingt-quatre heures, et peut-être l’infortunée Amy aura-t-elle les moyens de vous prouver qu’elle apprécie, qu’elle peut récompenser votre désintéressement et votre amitié ; qu’elle est heureuse elle-même, et qu’elle peut vous rendre heureux. C’est sûrement un prix digne de votre patience pendant un si court délai.
Tressilian ne répondit rien ; mais il rassembla dans son esprit les diverses conjectures qui pouvaient dans cette circonstance rendre son intervention plus préjudiciable qu’utile à la réputation et au bonheur d’Amy. Considérant aussi qu’elle était dans les murs de Kenilworth, et qu’elle n’avait aucune insulte à craindre dans un château honoré de la présence de la reine et rempli d’une foule de seigneurs et de gardes, il comprit que ce serait peut-être lui rendre un mauvais service que d’implorer, contre son gré, Élisabeth en sa faveur ; mais il lui exprima son consentement avec réserve, doutant qu’Amy eût un autre espoir que son aveugle attachement pour Varney, qu’il supposait être son séducteur.
– Amy, dit-il en fixant avec tristesse ses regards sur ceux de la comtesse, qui exprimaient toute sa perplexité, j’ai toujours remarqué que lorsque d’autres vous traitaient d’enfant capricieux, il y avait sous cette apparence de folle obstination beaucoup de bon sens et de sensibilité. Dans cette idée, je vous abandonne le soin de votre destinée pendant vingt-quatre heures, et je promets de ne m’en mêler ni en paroles ni en actions.
– Vous me le promettez, Tressilian ? répondit la comtesse. Est-il possible que vous ayez assez de confiance en moi ? Ah ! donnez-m’en votre foi de gentilhomme et d’homme d’honneur ; promettez-moi bien de ne pas vous mêler de ce qui me regarde, quoi que vous puissiez voir ou entendre, quelque besoin apparent que j’aie de vous. Votre confiance ira-t-elle jusque là ?
– Je vous le promets sur mon honneur, dit Tressilian ; mais, ce délai passé…
– Ce délai passé, répondit-elle en l’interrompant, vous serez libre de faire ce que vous jugerez convenable.
– N’y a-t-il rien que je puisse encore faire pour vous, Amy ?
– Rien ; que de me quitter et de… je rougis de me voir réduite à cette demande, de m’abandonner pour vingt-quatre heures l’usage de cet appartement.
– Je ne puis exprimer toute ma surprise, dit Tressilian ; quelle espérance, quel crédit pouvez-vous avoir dans un château où vous ne pouvez pas même disposer d’une chambre ?
– Les raisonnemens sont inutiles, s’écria-t-elle ; de grâce, laissez-moi ! Et comme elle vit que Tressilian se retirait lentement et à regret, elle ajouta : Généreux Edmond, un temps viendra qu’Amy te prouvera qu’elle méritait ton noble attachement !