CHAPITRE VI ÉMIGRATIONS

Trois causes contribuèrent à produire des émigrations. La race touranienne, ainsi que nous l’avons vu, fut dès le début poussée par le désir de coloniser, et coloniser sur une échelle très considérable. Les Sémites et les Akkadiens furent aussi, à un certain degré, une race colonisatrice.

Avec le temps, la population augmentant de plus en plus, la nécessité obligea les moins favorisés de chaque race à chercher les moyens d’existence dans des contrées habitées par une population moins dense. Car il faut se rappeler que, lorsque les Atlantes atteignirent leur zénith pendant l’ère toltèque, la proportion de la population par mètre carré sur le continent de l’Atlantide égalait probablement, si même, elle ne la dépassait pas, celle de la population de l’Angleterre et de la Belgique actuelle.

Il est certain, en tout cas, que les contrées propres à la colonisation étaient beaucoup plus vastes qu’elles ne le sont de notre temps ; tandis que le total de la population, qui, de nos jours, ne dépasse pas de douze à quinze cent millions, atteignait alors le chiffre considérable de deux mille millions.

Il y eut enfin des émigrations dirigées par des prêtres, et qui précédaient chaque catastrophe. En dehors des quatre catastrophes principales mentionnées plus haut, il y en eut encore un grand nombre. Les rois initiés et les prêtres qui suivaient « la bonne loi » étaient informés à l’avance des calamités qui menaçaient le pays. Ainsi chacun d’eux fut comme le centre des avertissements prophétiques et il devint finalement le chef d’un groupe de colons. Il faut remarquer ici que, dans les derniers temps, les chefs de la contrée devinrent hostiles aux émigrations dirigées par des prêtres, car ces émigrations avaient pour conséquence l’appauvrissement et la dépopulation de leurs royaumes.

Les émigrants furent alors souvent obligés de s’embarquer secrètement pendant la nuit.

En retraçant rapidement le courant d’émigration suivi par chacune des sous-races, nous parviendrons nécessairement jusqu’aux contrées que leurs descendants respectifs occupent de nos jours.

Pour les premières émigrations, nous devons revenir aux temps des Rmoahals. Il ne faut pas oublier que seuls ceux qui habitaient les côtes du nord-est s’étaient préservés de tout croisement avec d’autres races. Traqués sur les côtes méridionales et chassés vers le nord par les guerriers tlavatlis, les Rmoahals commencèrent d’envahir la contrée voisine à l’est, se dirigeant vers le promontoire de Groenland. À l’époque indiquée sur la deuxième carte, il n’existait plus de Rmoahals purs sur le continent primitif, considérablement diminué ; mais le promontoire septentrional du continent, qui maintenant apparaissait à l’ouest, fut occupé par eux, de même que le cap de Groenland déjà mentionné et les côtes occidentales de la grande île scandinave. Il y avait aussi une colonie dans la contrée située au nord de la mer centrale d’Asie.

La Bretagne et la Picardie formaient alors une partie de l’île scandinave ; plus tard l’île elle-même, à l’époque indiquée par la troisième carte, fut réunie au continent de l’Europe en formation.

C’est en France qu’on a retrouvé les restes de cette race dans les couches quaternaires ; et le spécimen de brachycéphale ou tête ronde, connu sous le nom de « l’homme de Furfooz », peut être considéré comme le type moyen de la race au moment de sa décadence.

Obligés plusieurs fois de redescendre vers le sud par les rigueurs d’une époque glaciale, repoussés souvent de nouveau vers le nord par leurs puissants voisins, les représentants disséminés et dégradés de cette race se retrouvent de nos jours dans les Lapons contemporains, quoique ceux-ci ne soient plus de race pure. Et ainsi, ces représentants pâles et dégénérés de l’humanité sont les descendants directs de cette race noire de géants qui apparut dans les contrées équatoriales de la Lémurie il y a quelque chose comme cinq millions d’années.

Les colons tlavatlis paraissent s’être répandus de toutes parts. À l’époque indiquée par la deuxième carte, leurs descendants étaient établis sur les côtes occidentales (Californie) du continent américain, alors en formation, en même temps que sur les côtes de l’extrême sud (Rio-de-Janeiro). Nous les trouvons aussi fixés sur les côtes orientales de la Scandinavie, tandis qu’un grand nombre d’entre eux traversaient l’Océan, contournaient l’Afrique et atteignaient les Indes. Là, s’étant mêlés à la population indigène, les Lémuriens, ils formèrent la race dravidienne. Plus tard, celle-ci se mêla à la race aryenne ou cinquième race ; ces croisements ont produit le type que l’on retrouve aux Indes de nos jours.

Nous avons ici un parfait exemple de la difficulté que l’on rencontre lorsqu’il s’agit de déterminer les races en se basant uniquement sur les apparences physiques ; car il est très possible que « des Égos » de la cinquième race s’incarnent parmi les Brahmanes, pendant que des Égos de la quatrième race forment les castes inférieures et que quelques Égos retardataires, appartenant à la troisième race, descendent parmi les tribus montagnardes.

À l’époque indiquée par la quatrième carte, nous trouvons un peuple tlavatli occupant la partie méridionale de l’Amérique du Sud ; d’où on peut apparemment conclure que les Patagons eurent pour ancêtres éloignés des Tlavatlis.

Les restes de cette race ont été, comme ceux de la race rmoahale, retrouvés dans les couches quaternaires de l’Europe centrale ; et « l’homme de Cro-Magnon », dolichocéphale , peut être considéré comme le type moyen de la race au moment de sa décadence ; tandis que « les habitants lacustres » de la Suisse représentent une souche plus primitive et d’un sang moins pur. C’est parmi les tribus peaux-rouges dispersées dans l’Amérique du Sud que l’on peut aujourd’hui retrouver le type le plus pur de la race tlavatli.

Les Birmaniens et les Siamois ont aussi du sang tlavatli dans les veines, mais chez eux c’est le sang aryen qui domine par suite d’un croisement avec l’une des sous-races aryennes les plus développées.

Nous arrivons maintenant aux Toltèques.

Leurs émigrations se dirigeaient principalement vers l’Occident ; et à l’époque indiquée par la seconde carte, les côtes américaines avoisinantes étaient peuplées par une race de Toltèques purs ; la plupart de ceux qui étaient restés sur le continent mère se mêlant au contraire aux autres races.

Ce fut sur les continents du nord et du sud de l’Amérique, là où des milliers d’années plus tard s’établirent les empires du Mexique et du Pérou, que la race toltèque se répandit. La puissance de ces empires est reconnue par l’histoire, ou tout au moins par la tradition que viennent corroborer de magnifiques vestiges architecturaux.

Il faut remarquer ici que, malgré la puissance et l’importance atteintes par l’empire du Mexique et conservées pendant de longs siècles, malgré le développement auquel il était arrivé en tout ce qui de nos jours encore caractérise une grande civilisation, cet empire ne parvint jamais à égaler celui des Péruviens alors que ces peuples étaient sous la domination des Incas, il y a environ quatorze mille ans. Car, en ce qui concerne le bien-être du peuple, l’administration de la justice, l’action protectrice du gouvernement, l’équitable répartition des terres de même que la pureté et la religiosité de ses habitants, l’État du Pérou, à cette époque, peut être regardé comme le reflet affaibli de l’âge d’or des Toltèques sur le continent primitif d’Atlantide.

Le Peau-Rouge du Nord et du Sud de l’Amérique est aujourd’hui le seul représentant du peuple toltèque, sans que l’on puisse naturellement le comparer aux spécimens supérieurs qui formaient la race au moment de son plus beau développement.

Parlons maintenant de l’Égypte dont l’histoire primitive pourrait se trouver tout particulièrement éclairée par l’étude de ces temps reculés.

Bien que son premier établissement dans cette contrée ne puisse être considéré absolument comme une véritable colonisation, ce fut cependant la race toltèque qui fournit à ce pays le plus grand contingent d’émigrants, destinés à se mêler au peuple autochtone et à le dominer.

Une grande Loge d’Initiés fut tout d’abord transférée en Égypte, il y a environ quatre cent mille ans. L’âge d’or des Toltèques avait depuis longtemps disparu, et la première grande catastrophe s’était déjà produite. La dégradation morale du peuple et la pratique de la « magie noire » s’étendaient de plus en plus. La Loge blanche exigeait un entourage plus pur. Or, l’Égypte se trouvait être alors une terre isolée, très peu peuplée ; et c’est pour cette raison qu’elle fut choisie.

La Loge des Initiés put ainsi poursuivre ses travaux pendant deux cent mille ans à peu près sans être troublée par les influences contraires.

Il y a deux cent mille ans environ, lorsque le temps en fut reconnu favorable, la Loge occulte fonda un empire sur lequel régna la première « Dynastie divine » de l’Égypte et commença d’instruire le peuple.

À ce moment arriva de l’Atlantide le premier grand détachement de colons, et pendant la période de dix mille ans qui s’étendit jusqu’à la seconde catastrophe, les deux grandes pyramides de Gizeh furent construites, en partie pour fournir des salles d’initiation spéciales, en partie pour servir de lieu secret où serait conservé quelque puissant talisman de domination pendant les cataclysmes cosmiques que les Initiés prévoyaient. La carte n° 3 nous montre l’Égypte submergée. Cette contrée demeura sous l’eau pendant un temps considérable.

Lorsqu’elle réapparut, elle fut repeuplée par les descendants de ses anciens habitants qui s’étaient retirés sur les montagnes de l’Abyssinie (indiquée sur la carte n° 3, comme une île) ; elle le fut aussi par de nouveaux colons atlantes, venus de tous les coins du monde. De plus, une immigration considérable d’Akkadiens contribua à modifier le type égyptien. À ce moment s’ouvre l’époque de la seconde « Dynastie divine » de l’Égypte ; des Adeptes initiés dirigent encore la contrée.

La catastrophe qui eut lieu il y a environ quatre-vingt mille ans eut pour conséquence une seconde submersion du pays ; mais elle ne fut pas de longue durée.

Quand l’eau se retira, la troisième « Dynastie divine », mentionnée par Manéthon, vint au pouvoir et ce fut sous le règne des premiers rois de cette dynastie que fut construit le grand temple de Karnak ainsi que plusieurs autres édifices dont on retrouve encore aujourd’hui les restes. En effet, à l’exception des deux pyramides, aucune construction de l’Égypte n’est antérieure à la catastrophe qui s’est produite il y a quatre-vingt mille ans.

La submersion finale de Poseïdonis entraîna aussi une inondation de l’Égypte, mais ce ne fut là encore qu’une catastrophe momentanée ; seulement elle mit fin aux Dynasties divines, car la Loge des Initiés transféra son siège dans d’autres contrées.

Différentes questions, qui n’ont pu être abordées dans cet ouvrage, ont déjà été traitées dans la Transaction of the London Lodge sous le titre : « les Pyramides et Stonehenge ».

Les Touraniens, qui, à l’époque indiquée par la première carte, avaient colonisé les parties septentrionales de la contrée située immédiatement à l’orient de l’Atlantide, occupèrent, vers l’époque indiquée par la seconde carte, les côtes méridionales de cette contrée (c’est-à-dire le Maroc et l’Algérie actuels).

Nous les trouvons encore se dirigeant vers l’orient, et les côtes orientales et occidentales de la mer centrale d’Asie furent peuplées par eux. Quelques-uns se dirigèrent finalement beaucoup plus loin vers l’est et le type le plus rapproché de cette race se retrouve aujourd’hui dans le centre de la Chine. Un étrange jeu du destin doit être mentionné ici relativement à leur branche occidentale.

Par un bizarre caprice de la destinée, les Touraniens, dominés à travers les âges par leurs plus puissants voisins les Toltèques, furent appelés à conquérir et à prendre la place du dernier grand empire fondé par ces derniers. Ce fut en effet une petite branche du tronc touranien qui transforma la civilisation des Aztèques en Touraniens de race pure, mais brutaux et arriérés.

Les émigrations de la race sémite furent de deux sortes : il y eut les émigrations provoquées par les tendances naturelles à la race et il y eut ensuite les émigrations particulières effectuées sous la direction spéciale du Manou ; car, bien que cela puisse paraître étrange, ce ne fut pas parmi les Toltèques, mais bien dans cette sous-race turbulente et indisciplinée des Sémites, que fut choisi le noyau destiné à former notre grande cinquième race, ou race aryenne. Il faut sans doute en chercher la raison dans la caractéristique manasique qui s’attache au chiffre cinq. La sous-race qui correspond à ce nombre devait inévitablement développer les forces cérébrales et intellectuelles aux dépens de ses forces psychiques de perception ; tandis que le même développement de l’intelligence est – dans une mesure beaucoup plus étendue – la gloire et le but de la cinquième race racine.

Examinons tout d’abord les émigrations naturelles. Nous trouvons qu’à l’époque indiquée par la deuxième carte, les Sémites, se séparant des nations puissantes installées sur le continent mère, s’étaient dispersés à l’ouest et à l’est : à l’ouest vers les contrées qui forment aujourd’hui les États-Unis ; cela explique la présence du type sémite chez quelques Indiens d’Amérique ; et à l’orient vers les côtes septentrionales du continent voisin, qui comprenait tout ce qui existait alors de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie. Le type des anciens Égyptiens, ainsi que celui des nations voisines, fut quelque peu modifié par le mélange du sang sémite ; et de nos jours, à l’exception des Juifs, les Kabyles au teint clair qui habitent les montagnes de l’Algérie sont les derniers représentants d’une race relativement pure.

Les tribus provenant de la séparation opérée par le Manou pour former une nouvelle race racine se frayèrent un chemin vers les côtes méridionales de la mer centrale d’Asie ; c’est là que fut fondé le premier grand empire aryen. Lorsque les travaux de la London Lodge concernant l’origine d’une race racine seront terminés, on comprendra que les peuples que nous appelons Sémites sont véritablement Aryens, quant au sang. On comprendra aussi le sens de cette prétention des Hébreux à être considérés comme « un peuple élu ». On peut poser en fait qu’ils constituent un lien anormal et peu naturel entre la quatrième race racine et la cinquième.

Bien qu’ils soient devenus plus tard les dominateurs sur le continent primitif d’Atlantide, les Akkadiens, ainsi que nous l’avons vu, apparurent à l’époque indiquée par la seconde carte, sur le continent voisin, c’est-à-dire sur ce continent qui se trouvait à la place occupée aujourd’hui par le bassin de la Méditerranée ; l’île de Sardaigne actuelle étant leur principal habitat.

Ils rayonnèrent de là vers l’orient, occupèrent ce qui devint les Échelles du Levant et arrivèrent jusqu’en Perse et en Arabie.

Ainsi que nous l’avons vu, ils contribuèrent aussi à peupler l’Égypte. Les premiers Étrusques, les Phéniciens, y compris les Carthaginois et les Shumero-Akkadiens, étaient des branches de cette race, et les Basques d’aujourd’hui ont probablement beaucoup de sang akkadien dans les veines.

Il est nécessaire de mentionner ici les habitants primitifs de notre île  ; car c’est au début de l’époque akkadienne, il y a environ cent mille ans, que Stonehenge fut fondé par une colonie d’Initiés qui débarquèrent sur ces côtes, c’est-à-dire sur les rivages de la partie scandinave d’Europe, ainsi que cela est indiqué par la carte n° 3.

Les prêtres initiés et ceux qui les accompagnaient paraissent avoir appartenu à une branche primitive de la race akkadienne ; ils étaient plus grands, plus blonds que les autochtones ; leur tête était plus allongée que chez ces derniers ; ceux-ci formaient une race très mélangée, composée des principaux descendants dégénérés des Rmoahals.

Ainsi que le verront ceux qui liront les travaux de la London Lodge, concernant les « pyramides et Stonehenge », la rude simplicité qui régnait à Stonehenge était une protestation contre l’ornementation extravagante et la décoration exagérée des temples de l’Atlantide, dont les habitants professaient le culte dégradant de leur propre image.

Les Mongoliens, comme nous l’avons vu, n’eurent jamais de rapports avec le continent primitif. Originaires des grandes plaines de la Tartarie, leurs émigrations trouvaient un champ assez vaste dans l’intérieur même de cette contrée.

Mais plus d’une tribu de race mongole a passé du nord de l’Asie en Amérique, à travers le détroit de Béring ; et la dernière de ces émigrations – celle des Kitans, il y a environ mille trois cents ans – a laissé des traces que des savants occidentaux ont pu retrouver. La présence du sang mongol dans certaines tribus des Indiens de l’Amérique du Nord a aussi été reconnue par différents ethnologues. Les Hongrois et les Malais sont considérés comme provenant d’un rameau de cette race ; les premiers furent relevés par leur croisement avec les Aryens, tandis que d’autre part les seconds étaient dégradés par leur croisement avec la race épuisée des Lémuriens. Il est intéressant de constater que, chez les Mongols, la dernière famille de cette race est encore en pleine force. Elle n’a même pas encore en fait atteint le zénith de son développement ; la nation japonaise n’a pas encore terminé le cycle de son existence.

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