V L’ÉTAT D’ALERTE

De tous les avantages que la civilisation du XLe siècle pouvait offrir, Wassermann appréciait surtout la possibilité de paresser, généreusement laissée au travailleur intellectuel qu’entourait la considération générale. Aussi, dans son appartement au haut du quartier nord, premier sous-sol de Tombouctou 2, dormait-il encore avec l’absence de soucis d’un jeune homme par ailleurs assuré du périodique soutien familial. Son père, dit le roi de la baleine, joignait à une grande libéralité le bon goût d’habiter aux antipodes, et Wassermann, né pour ne rien faire, travaillait juste autant qu’il était nécessaire pour n’être pas mis à la porte de la Faculté, et maintenir entre sa famille et lui un éloignement si favorable à une parfaite entente.

S’il avait choisi d’habiter ce quartier au charme vieillot, c’était moins pour son pittoresque que pour l’absence de circulation qui permettait de dormir dans le silence jusqu’à dix heures du matin. L’endroit était peu fréquenté. Les trottoirs roulants qui y accédaient remontaient à plus de cent ans. Il fallait encore décrocher à la main les écouteurs téléphoniques et brûler soi-même les ordures au four électrique ! L’eau était débitée par d’antiques robinets que l’on manœuvrait en les tournant, ce qui provoquait l’hilarité des visiteurs habitués depuis longtemps au tableau électrique de commande des services domestiques. Mais en contre-partie, le groupe de ventilation fournissait un air conditionné d’excellente qualité, presque pris à la source, puisqu’on était à moins de trois cents mètres de la surface, et cet air se montrait souverain pour la qualité du sommeil.

Il n’était encore que huit heures quand un beuglement tira Wassermann de ses rêves. Le bruit venait du haut-parleur.

— Allô, allô. Communication majeure du Grand Conseil exécutif. Obligation d’écoute pour chaque particulier, et mise en circuit par les services municipaux des haut-parleurs sur la voie publique et les chantiers collectifs.

Pendant le temps qui s’écoula pour l’exécution de ces ordres, Wassermann se frotta les yeux. Que se passait-il ? L’obligation d’écoute était exceptionnelle. Il fallait remonter à dix ans en arrière, à l’assassinat du président Marc Aurel, pour trouver un précédent à cette mesure. Le haut-parleur reprit :

Citoyens des États-Unis d’Afrique et du Monde , le Grand Conseil exécutif décrète :

ARTICLE PREMIER. – L’état d’alerte est proclamé sur toute l’étendue du continent africain.

ARTICLE 2. – Le premier jour de la mobilisation sociale sera le 24 octobre 3999.

Du coup, Wassermann décida de s’habiller. À peine avait-il passé son slip qu’on frappa à la porte. Le fait était aussi rare que l’obligation d’écoute. Quel était le visiteur qui ne faisait pas usage de l’avertisseur téléphonique pour s’annoncer ?

Il demeura saisi en trouvant Évy derrière la porte. Elle entra en coup de vent jusqu’au fond de l’appartement et s’assit au hasard sur le lit défait. Cette fille si maîtresse d’elle-même haletait.

— Qu’y a-t-il ? demanda Wassermann qui n’en pouvait croire ses yeux.

— Je suis partie, fit Évy. Partie, c’est fini… Je viens d’avoir avec mon père une explication si violente qu’il a failli me faire arrêter. C’est la scène finale, la dernière… Ah ! il n’était pas habitué à ce qu’on lui dise en face la vérité, il l’a entendue, au moins une fois. Et maintenant entre nous, c’est fini, ou plutôt ça commence. C’est la guerre qui commence. Il peut faire la loi à tout le monde, il ne me la fera pas.

Elle était si surexcitée qu’elle hachait ses phrases.

— Pouvez-vous m’abriter quelques heures en attendant que je trouve autre chose ? jeta-t-elle brusquement.

— Certainement, répondit Wassermann qui retrouvait peu à peu ses esprits et s’enveloppait d’un peignoir. Mais je voudrais savoir…

Il ne savait pas trop ce qu’il voulait savoir. Il avait le réveil lent, et les surprises de cette matinée étaient ahurissantes.

— J’ai eu peur d’être suivie, expliquait Évy. Maintenant il doit avoir autre chose à faire que de s’occuper de moi… L’état d’alerte m’aidera au moins à disparaître plus facilement. Savez-vous ce que veut dire l’état d’alerte ? C’est la suspension des dernières libertés publiques, la fermeture des services dits accessoires ou à visées lointaines : finis les universités et les cours. Dix heures de travail social chaque jour pour tous les mobilisables des deux sexes, sans garantie de résidence. Toute protestation assimilée au crime contre l’espèce, et punie de détention perpétuelle ou de mort.

— Mais pourquoi ?

— Pour le développement de la civilisation au-dessous de mille mètres de fond. C’est le soleil qui ne va pas, paraît-il. Et le troglodysme s’accentue à l’heure même où il conviendrait d’adopter des solutions radicalement différentes. Sandersen, le professeur, est à Sainte-Hélène. C’est à propos de lui que la scène avec mon père a commencé. Quant à nous, nous devrons travailler aux excavateurs pour avoir droit aux comprimés radioactifs ! Mais nous lutterons. Vous lutterez, Wassermann, n’est-ce pas ?

— Avec vous, de tout mon cœur, répondit Wassermann assez ému de la voir si vibrante.

— Avec moi, sans moi, n’importe. Et laissons votre cœur à sa place. L’heure n’est pas à dire des bêtises, cher ami. Ah ! la lutte va devenir passionnante, déclara-t-elle après un moment de silence… Il verra, il regrettera de m’avoir pour ennemie…

Peu à peu, elle reprenait possession d’elle-même. Wassermann commençait à trouver moins drôle de l’avoir dans son appartement, quand le téléphone sonna : c’était Pat qui demandait des renseignements sur l’état d’alerte.

— Les tables d’écoute doivent être branchées sur toutes les lignes. Viens me prendre ici, fit Wassermann.

Il n’était pas fâché de voir la tête que ferait Pat en trouvant Évy chez lui. Ce petit plaisir de vanité viendrait en compensation des risques assumés en assistant une fugitive.

Pat, en effet, accusa le coup malgré lui, par son extrême rougeur devant Évy sur le lit défait. Il s’abstint de poser des questions qui semblaient inutiles. Évy qui était à cent lieues d’imaginer ce que pensait Pat, ne songeait pas à fournir d’explications. Le ressentiment de Pat prit la forme sociale :

— Non, je ne marcherai pas, je ne passerai pas mes heures à diriger des grues électriques ou à suivre des équipes de mineurs pour que nos descendants puissent continuer à faire les termites. S’il faut crever, j’aime mieux crever à l’air libre.

— Bravo ! s’écria Évy, vous venez à nous.

— À vous ?

— À l’astronautique.

— Je me fiche de l’astronautique autant que du troglodysme, déclara Pat furieux. Ni les uns, ni les autres, vous ne pouvez nous laisser mourir tranquilles, nous les braves gens…

Une rumeur sourde montait de la ville profonde et se propageait dans le roc du sous-sol. À deux reprises, les tubes d’éclairage s’éteignirent pendant quelques secondes.

— Il faut aller voir ce qui se passe, décida Évy.

— Il ne se passe jamais grand’chose, objecta Wassermann partisan de la prudence. Vous feriez peut-être mieux de ne pas trop vous montrer pour le moment. Et vous ne verrez rien, la population est devenue si incapable de réagir…

Mais on ne résistait pas à une décision d’Évy. Ils sortirent tous les trois, Pat ne pouvant se résigner à les laisser sans avoir obtenu d’Évy quelques explications.

Dans le monorail où ils montèrent, la foule des voyageurs était plus animée qu’à l’ordinaire. Un grand diable à cheveux roux brandissait sous le nez de ses voisins sa carte de mobilisation qu’il venait de retirer : il était sous-chef de chantier aux perforatrices de Djibouti et allait rejoindre le soir même.

— Allons-y, c’est pour la Terre, notre patrie ! criait-il dans le wagon.

Son enthousiasme éveillait peu d’échos : on le prenait pour un agent provocateur. À la station 104 montèrent deux voyageurs en tenue de surface. Des cristaux de neige étaient restés pris dans leurs bonnets de fourrure : c’étaient deux bouchers travaillant aux usines de conserves de phoque à l’air libre.

— Il fait une de ces tempêtes de neige comme on en voit rarement là-haut, déclarèrent-ils. L’équipe du deuxième quart n’a pu rejoindre qu’avec une heure de retard. Tous les escadrons de chasse-neige sont mobilisés, mais le vent pousse les flocons comme le sable des dunes. Il paraît que les bouches d’aération des districts sud ont été obstruées. Les brigades spéciales ont dû construire des murs protecteurs devant les crépines de filtration. Il fait meilleur ici, concluaient-ils.

— Pour combien de temps ? eut l’imprudence de dire Évy.

La réflexion fut si fraîchement accueillie par l’auditoire que Wassermann conseilla de descendre à la station suivante. C’était celle de la quarante-huitième avenue qui allait du musée minéralogique à la place Ali-Baba, le quartier des archives et des fours crématoires, quartier assez peu animé. Pourtant, un rassemblement s’était formé devant un grand bâtiment à la façade d’émail noir : le célèbre Office des Suicides, qui venait d’être fermé le matin même par décision du Grand Conseil. Les candidats de la onzième heure, qui n’avaient pu entrer, commentaient sévèrement cette mesure.

— Alors, si on ne peut plus se suicider, y a plus de moyen de vivre, plaisantait un petit boulot qui n’avait jamais dû avoir l’intention bien ferme de franchir la porte noire.

— On vient aussi de suspendre les autorisations de naissance, annonça un autre. Ils nous possèdent : on ne peut plus ni mourir, ni naître.

— Mes amis, le gouvernement a besoin de toutes les forces, de toutes les énergies pendant quelque temps, fit un troisième. Il est naturel qu’il ferme cet Office qui n’aurait jamais dû être ouvert.

Celui-là était un de ces membres de la So ciété protectrice des humains, qui, en temps ordinaire, stationnaient devant l’Office pour empoisonner par des réflexions morales les derniers instants des postulants au suicide. La foule le prit à parti. Wassermann eut beaucoup de mal à entraîner Évy qui brûlait d’entrer dans la bagarre. Pat, qui était resté obstinément muet, proposa d’aller faire un tour sous le ciel libre, mais les services des ascenseurs de surface étaient suspendus et les stations sévèrement gardées par la milice. Interdiction absolue de gagner l’extérieur. Ils prirent alors, faute de mieux, un des grands ascenseurs de descente conduisant au second sous-sol. La vaste cabine, chargée d’autos et de camions emplis de gardes fédéraux, tomba en chute libre dans la cage formant piston amortisseur, et, deux minutes plus tard, ils se retrouvèrent par huit cents mètres au fond.

Là, les premiers symptômes de la mobilisation sociale étaient plus visibles. Les brigades d’alerte du travail social défilaient dans les rués pour rejoindre les chantiers qui venaient d’être ouverts. De longues files de gens attendaient devant les magasins de pelles et pioches pour compléter leur équipement. Aux vitrines des pharmacies pendaient de larges écriteaux : « Il n’y a plus de masques respiratoires ». Dominant le bruit de la rue, de sourds grondements s’élevaient de temps à autre dans les profondeurs du sol déjà attaqué. L’évacuation de plusieurs îlots avait été ordonnée le matin même et on entreprenait les premiers sondages. Un haut-parleur commença à radiodiffuser sur la voie publique les nouvelles de midi. Malgré la circulation plus dense et plus rapide que de coutume, un vaste cercle d’auditeurs se forma autour de l’appareil qu’en temps ordinaire personne n’écoutait. Bientôt toute la place fut embouteillée.

Communication de l’Office météorologique pour la journée du 24 octobre.

La tempête de neige qui sévit actuellement sur le Sahara continuera pendant les prochaines vingt-quatre heures. Vent du nord, dominant, tournant à nord-ouest en fin de journée. Température à Tombouctou  1, en surface, - 18° ; à Tombouctou 2, de 13 à 18° suivant les sous-sols.

Allô, allô. Petit courrier musical. Les fouilles entreprises au cours de l’été à Casablanca ont permis de découvrir des fragments de la sixième symphonie d’un musicien de l’époque quaternaire du nom de Beethoven et dont les œuvres avaient été perdues. Orchestré pour instruments modernes par le colonel de la milice Mixton C. Rubber , ce morceau où l’archaïsme le plus coloré s’allie au futurisme le plus savoureux , va vous être joué par la Société de musique mécanique de la province du Congo au cours d’un concert gracieusement offert par les aspirateurs Vive le Vide.

Des protestations s’élevèrent dans la foule.

— On se fout de nous !

— Des nouvelles ! crièrent plusieurs voix.

Quelques carreaux d’émail de la voûte furent descellés et commencèrent à voler vers le haut-parleur qui bientôt pendit comme une loque.

— Ils ne sont pas aussi dociles que vous le croyez, fit remarquer Évy à Wassermann. À son tour, elle grimpa sur le toit d’un taxi pour crier :

— Des nouvelles !

La foule lui fit écho et hurla plus fort.

— On vient de vous dire que des fouilles avaient donné des résultats intéressants, que voulez-vous de plus ? se risqua à dire Pat à Évy.

Elle le regarda de haut en bas, n’appréciant pas le sens de l’humour dans les circonstances actuelles. Toute frissonnante, les yeux brillant d’un éclat magnifique, elle se sentait soulevée par le courant d’indignation populaire. Un air d’émeute passait dans sa chevelure blonde. Jamais Pat ne l’avait trouvée si belle, et jamais il ne l’avait encore sentie si loin de lui. Elle allait haranguer la foule quand Wassermann la fit descendre.

— C’est une folie. Songez à votre situation présente.

À regret, elle obéit.

— Vous voyez, fit-elle à Wassermann, ils protestent. Je suis sûre que nous pourrons en faire quelque chose.

Ce « nous » atteignit douloureusement Pat qui souffrait déjà de se sentir à l’écart. Wassermann avait pris le bras d’Évy pour l’aider à descendre de son perchoir. Distraite, elle ne songeait pas à se dégager. Pat qui ne perdait aucun de ces détails, endurait le martyre. Il se reprochait de ne pas avoir le courage de tout planter là. Mais, seul, il aurait souffert davantage. Tout le jour, il se laissa ainsi traîner à la remorque dans la ville en rumeur. Il était là encore, quand ils regagnèrent l’appartement de Wassermann.

Le fâcheux effet des communications de midi, avait-il été général ? toujours fut-il que le communiqué de cinq heures fut plus sérieux :

« Des suppositions diverses ayant couru dans le public quant aux causes qui ont motivé les récentes décisions du Grand Conseil exécutif, il est rappelé que les mesures envisagées sont destinées à accroître la sécurité de l’espèce, et qu’il vaut mieux les entreprendre préventivement que sous le coup de la nécessité. Sans qu’il y ait péril immédiat, il semble préférable que l’humanité s’acclimate de plus en plus à la vie souterraine. L’état d’alerte a été proclamé pour réaliser un gigantesque programme de travaux souterrains destinés à mettre la vie humaine à l’abri de tout bouleversement futur. Le plan prévoit la construction, entre mille et mille cinq cents mètres de fond, de Tombouctou 3, future capitale des États-Unis du Monde, répondant aux conceptions les plus récentes et de nature à défier toute perturbation cosmique.

« Le Grand Conseil exécutif est sûr que, dans les circonstances actuelles, chacun aura à cœur de servir la cause commune de toute son énergie. Aucune défaillance ne sera tolérée. La mobilisation sociale s’opère avec toute la régularité désirable. »

— Je connais assez mon père pour savoir combien il a dû souffrir d’avoir à donner ces explications, remarqua Évy. C’est une première victoire.

— En tout cas, il a réussi à nous tenir ici prisonniers comme des rats dans une cave, remarqua aigrement Pat. Voilà deux jours que nous passons tout entiers dans le sous-sol, deux jours sans vraie lumière. Vous appelez ça vivre, vous ? Moi, pas, j’étouffe.

Il tournait dans la pièce, nerveux, agité, parlant au hasard et ne sachant comment dénouer la situation entre eux trois. Il n’osait faire à Évy des reproches précis, mais à l’abri des généralités, il pouvait se montrer plus agressif.

— C’est de votre faute, après tout, c’est votre civilisation, votre science qui nous a fait oublier ce que nous étions : des hommes, de simples hommes.

— Justement, fit Évy, je voudrais leur rappeler à tous qu’ils sont des hommes, et non pas des machines à obéir. Je veux leur réapprendre la révolte et leur montrer le chemin de la libération. Qu’ils me suivent, et je saurai bien les conduire.

Pat hocha la tête.

— Vous êtes pire que votre père. Plus dangereuse, précisa-t-il.

Il semblait n’être plus maître de lui. Brusquement, il se tourna vers Wassermann : « Est-ce que la fenêtre du concierge de la Faculté ne donne pas sur le désert ? »

Wassermann le regarda avec inquiétude, se demandant s’il ne déraisonnait pas.

— Et le téléphone est le long du mur, à côté de la porte d’entrée, continuait Pat.

Il prit l’annuaire, composa le numéro, et quand le trembleur vibra, il enfonça le bouton de la télévision.

Automatiquement la lumière s’éteignit dans la pièce, et une lueur pâle apparut sur l’écran. On distinguait la loge du concierge et, au centre de l’écran, la fenêtre…

— Le ciel ! cria Pat avec un accent de triomphe. Le ciel !

Derrière l’image de la fenêtre lointaine, à peine grand comme la surface d’un ongle, se voyait un ciel tendu de noir, crevassé au couchant, et laissant passer des traînées lumineuses qui se réfléchissaient sur la neige du sol. Là-haut, solitaire et gigantesque, le crépuscule s’étendait sur la terre.

— Nous l’aurons vu quand même, le soleil de ce jour, malgré toutes les défenses, murmura Pat qui ne pouvait maîtriser son émotion. Et, lentement, il se laissa aller à soupirer avec tendresse : « La voilà donc, au fond du puits, la douce lumière du monde… »

— Grâce à la science et à ceux qui n’ont pas accepté leur destin, articula Évy en chargeant chaque mot d’intention.

Qu’elle ait profité de son émotion pour lui faire cette remarque, atteignit Pat au point le plus sensible. Quelque chose venait de se rompre, définitivement, sans recours. Brusquement, il se sentit seul : il comprenait qu’il y avait impossibilité radicale d’entente avec le seul être qui comptât pour lui. Elle pouvait être la plus belle, elle était de la race faite pour les Wassermann. Désormais, rien ici ne l’intéressait plus. Il se leva, et sans un mot d’explication il sortit.

Comme il arrivait dans le hall de son immeuble, deux individus s’avancèrent et lui passèrent les menottes avant qu’il ait eu le temps d’esquisser un geste.

— Police politique. Pat Sandersen, vous êtes arrêté en exécution des mesures préventives contre les suspects de la liste B.

— Où me conduisez-vous ?

— À Sainte-Hélène, au camp des prisonniers d’état.

— Loin d’ici et sous le ciel libre. Ah messieurs ! s’exclama Pat, vous ne pouviez rien m’annoncer qui me fît plus de plaisir.

Et telle était sa détresse qu’il le pensait.

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