XV

Madame Borel tressaillit de joie à la vue de Wolfrang ; et, au moment où celui-ci s’approchant d’elle, la saluait, elle s’écria :

— Bénie soit votre venue, monsieur ! elle m’allége d’un grand poids !

— J’en suis charmé, madame, et me félicite d’arriver si à propos, – répond Wolfrang souriant et interrogeant Sylvia d’un regard surpris. – Vous sachant ici, je désirais vous offrir mes hommages.

— Je suis certainement très-sensible à votre courtoisie, monsieur ; mais, je vous l’avoue en toute sincérité, j’ai l’odieux égoïsme d’être plus sensible encore au service que vous me rendez par votre présence, – reprend madame Borel retrouvant son assurance et sa douce gaieté. – J’avais à adresser à madame une demande des plus étranges, du moins en apparence ; mais je ne sais quoi d’invincible retenait cette demande sur mes lèvres. Or, voici, monsieur Wolfrang… et non-seulement ce je ne sais quoi d’invincible m’est expliqué, mais il est vaincu, et cela, je vous le répète, grâce à votre bienheureuse présence.

— Sylvia, – dit Wolfrang en souriant, – pouvez-vous me donner le mot de cette énigme ?

— Non, mon ami ; moi-même, je le cherche.

— Ce mot est vieux comme le monde, et toujours nouveau ; c’est le mot amour, – répond madame Borel avec un mélange d’enjouement et de gaieté.

Puis, voyant Sylvia et Wolfrang se regarder fort étonnés :

— Quoique je vous aie dit le mot de l’énigme, elle ne vous paraît probablement pas plus claire ; je le comprends, il en doit être ainsi. Je vais donc m’expliquer sans aucune contrainte cette fois ; car je puis vous dire, chère madame, en présence de M. Wolfrang, ce qu’en son absence je ne pouvais me résoudre à vous apprendre.

— Et qu’est-ce, je vous prie, chère madame ?

— Mon fils a le bonheur d’être passionnément amoureux de vous.

La hardiesse sereine de cet aveu de la part d’une mère, et d’une mère que la rare pénétration de Wolfrang appréciait à sa haute valeur ; enfin, cette réserve, d’une délicatesse exquise, de n’oser absolument, malgré la maternelle et sainte pureté de ses intentions, faire cet aveu à Sylvia en l’absence de Wolfrang, tandis que madame Borel n’hésitait plus en sa présence, le touchèrent profondément, ainsi que Sylvia.

Et, après un moment de silence causé par la surprise, il répondit à la femme du banquier :

— Vous ne pouviez, madame, nous donner une marque de confiance plus honorable qu’en nous parlant ainsi ; lorsque vous dites qu’Alexis (permettez-moi cette familiarité de frère aîné, car j’ai une dizaine d’années de plus que votre cher enfant), lorsque vous dites qu’Alexis a le bonheur d’être amoureux de Sylvia, je crois deviner votre pensée. Oui, cela est vrai, c’est un bonheur, un grand bonheur pour un adolescent de vingt ans, plein de candeur et de foi, et doué des qualités d’Alexis, d’aimer noblement, saintement, une belle et honnête jeune femme. Un tel amour est une sauvegarde assurée contre bien des égarements, et…

— C’est à n’y pas croire ! – balbutie madame Borel, attendrie jusqu’aux larmes, en joignant les mains et regardant Wolfrang avec stupeur. – Cela tient du prodige ! vous lisez au plus profond de mes pensées, monsieur Wolfrang.

— En ce cas, ma chère madame Borel, je réclame ma part de la faculté prodigieuse que vous attribuez à Wolfrang, – reprend gaiement Sylvia. – Moi aussi, je lisais dans votre pensée, sans me croire douée pour cela d’une miraculeuse pénétration. Franchement, quel pouvait être votre but en nous apprenant que votre cher Alexis était amoureux de moi ? Et, s’il faut vous le dire, au risque de sembler présomptueuse, je me doutais bien quelque peu de cet amour ; je puis à mon tour, n’est-ce pas ? vous faire cet aveu en présence de Wolfrang, et, de plus, vous avouer encore – toujours en raison de la présence de Wolfrang – que j’étais enchantée de l’impression que je causais à votre cher enfant, parce que son caractère est élevé, son cœur noble, généreux, et que mon influence ne pouvait être que bonne et salutaire pour lui.

— Ah ! madame ! quelle âme que la vôtre ! – dit la femme du banquier d’une voix entrecoupée par des pleurs d’une douceur ineffable, et baisant avec effusion l’une des mains de Sylvia ; – vous êtes le bon génie que mon pauvre enfant a vu en songe ; vous serez son ange gardien. Si vous saviez quelle respectueuse adoration vous lui avez tout d’abord inspirée ! si vous saviez quelle heureuse influence vous avez déjà sur lui, ainsi que vous le pressentiez ! Tenez, c’est à ce point que, ce matin même, dans une discussion soulevée à dessein par mon mari, qui voulait mettre à l’épreuve la délicatesse des principes d’Alexis, il nous a étonnés par son éloquence, par l’élévation de ses idées ; puis, remarquant notre surprise, il m’a dit tout bas, car son amour est si pur, qu’il m’en a fait confidence, il m’a dit tout bas :

» — Mère, je le sens, hier matin, je n’aurais pas parlé ainsi ; il me semble que, depuis que je connais madame Wolfrang, j’éprouve encore plus d’attrait pour le juste, le bien, le beau, et plus d’aversion pour le mal.

» — Mon ami, lui ai-je répondu, il faut…

Mais, s’interrompant, madame Borel ajoute :

— Pardon, madame, pardon, en vérité ; j’abuse de votre bonté, déjà si grande.

— Au contraire, rien ne m’est plus agréable que cette preuve de mon heureuse action sur votre cher enfant.

— Ne voyez-vous pas, madame, qu’ainsi vous justifiez les espérances de cette présomptueuse Sylvia, qui prétend user bel et bien de son influence sur son amoureux ? – dit en souriant Wolfrang à madame Borel.

Celle-ci poursuit ainsi :

— Puisque vous le permettez, madame, un dernier mot ; il vous peindra la candeur d’Alexis et la nature de son amour pour vous.

» — Aime madame Wolfrang comme on aime un ange du ciel, – lui disais-je encore ; – cette honorable affection te préservera des entraînements qui perdent tant de jeunes gens ; ainsi tu traverseras, en devenant meilleur encore, les années qui te séparent de l’époque à laquelle tu dois te marier ; et, si madame Wolfrang daigne s’intéresser à toi, si elle reconnaît que tu t’es toujours montré digne de son influence, peut-être te dira-t-elle un jour : « Vous êtes un noble cœur ; si j’avais à marier une sœur ou une amie bien chère, je l’engagerais à s’unir à vous, et j’assumerais ainsi la responsabilité de son bonheur et du vôtre. » Et qui sait ? ai-je ajouté, – qui sait, mon Alexis, si cet espoir ne se réalisera pas ?

» — Ah ! ma mère, – s’est écrié ce pauvre enfant, les larmes aux yeux, et transporté d’espérance, – il me semble qu’épouser une femme choisie par madame Wolfrang, ce serait encore l’aimer !

— Touchantes paroles, – dit Wolfrang ; – qu’en pensez-vous, Sylvia ?

— Je pense, mon ami, avec une sorte de regret, que mon influence aura bien peu à s’exercer pour conserver telle qu’elle est à présent cette aimable et excellente nature.

— Ah ! madame, ne croyez pas cela ! si vous daigniez vous intéresser à lui, vous le rendriez meilleur encore ; et maintenant vous comprendrez à quel sentiment j’ai obéi en venant, en présence de M. Wolfrang, vous faire la déclaration d’amour de mon fils, dit en souriant madame Borel, quoiqu’elle eût le regard humide de joie.

— Cette démarche était d’autant plus nécessaire, que le pauvre enfant serait mort à la peine plutôt que d’oser jamais vous déclarer son amour.

— Quelle sera sa joie lorsqu’il va tout à l’heure apprendre que vous lui avez épargné, madame, ce terrible aveu, et quelle joie encore en apprenant que son amour est agréé par Sylvia, et, qui plus est, par moi ! – reprit gaiement Wolfrang.

Puis, redevenant sérieux :

— Aimez Sylvia, dirai-je à Alexis, et en elle vous aimerez la vertu dans son idéal enchanteur ; aimez-la, et, comme l’a dit votre mère, vous deviendrez meilleur encore ; oui, à mesure que ce noble sentiment prendra sur vous tout son ascendant, vous grandirez à vos propres veux, rehaussé par le dévouement, épuré par le sacrifice, dignifié par l’affection de Sylvia ; car elle aussi, vous voyant si bien mériter d’elle, vous aimera, fière de son influence sur vous, comme on l’est d’une action généreuse ; vous connaîtrez, vous bénirez alors ces trésors de puissance sereine que nous prodigue l’affection d’une charmante et honnête jeune femme, et, un jour, contemplant Sylvia presque avec adoration, vous me direz : « Je suis bien heureux ! »

— Et moi, Wolfrang, – ajoute Sylvia, – je vous dirai de lui : « De ce bonheur, il s’est rendu digne. »

Puis, souriant et s’adressant à la femme du banquier, muette d’émotion, et de nouveau profondément attendrie, la jeune femme ajoute :

— Et qui sait si, selon vos prévisions, ma chère madame Borel, nous ne marierons pas un jour M. Alexis ?

— Tenez, madame, – reprend madame Borel après un instant de silence, – je vous l’avoue, je ne sais si je rêve ou si je veille.

— Comment cela ?

— Vos paroles, celles de M. Wolfrang, vos témoignages d’intérêt pour mon pauvre enfant, que vous ne connaissez que d’hier, me confondent de surprise, et je me demande pourquoi vous êtes tous deux si bons pour nous.

— Mon Dieu ! parce que, Wolfrang et moi, nous sommes de bonnes gens, voilà tout !

— Et puis, madame, vous vous étonnez au dernier point de ce que, n’ayant le plaisir de vous connaître que depuis hier seulement, nous vous témoignons, dites-vous, tant intérêt.

— Sans doute ; mais, du moins, ma gratitude égale ma surprise.

— Cependant, madame, vous ne nous connaissez non plus, ce me semble, que depuis hier, et vous nous donnez, à Sylvia et à moi, convenez-en, une preuve de confiance bien rare, en faisant la déclaration d’amour de votre cher Alexis, – ajoute en souriant Wolfrang. – Franchement, une pareille démarche, – et nous l’apprécions comme on doit le faire, nous avons tenté de vous le prouver, – une pareille démarche, auprès de personnes que vous avez rencontrées hier pour la première fois, n’est-elle pas la preuve que l’on a en elles une foi absolue ?

— C’est vrai, et, lorsque je songe maintenant que j’ai, presque sans la connaître, osé tenter auprès de madame Wolfrang une pareille démarche, je me dis : Il faut qu’elle ait je ne sais quel charme mystérieux, inexplicable.

— Rien de plus explicable, rien de moins mystérieux, madame, – répond Wolfrang souriant et interrompant la femme du banquier. – Ce charme est l’attrait invincible qu’exercent un bon cœur, une âme généreuse.

— Vous avez raison, monsieur. Allons, je n’ai plus le droit d’être étonnée de vos touchantes bontés… Il me reste heureusement le droit d’en être reconnaissante pour mon fils et pour moi. Mais, hélas ! cette reconnaissance, comment jamais vous la témoigner autrement que par de stériles paroles ? Vous êtes tous deux et pour tant de raisons placés si haut… si haut ! que…

— Cette reconnaissance, vous pouvez d’abord nous la témoigner, chère madame, en nous envoyant souvent, très-souvent M. Alexis ; et, pour me servir de votre comparaison infiniment trop flatteuse, je vous promets, présente ou absente, d’être son ange gardien. En d’autres termes, de le rendre si amoureux, voyez encore ma présomption ! qu’il ne restera place dans son cœur pour nulle autre pensée que la vôtre ou la mienne ; nous le sauvegarderons ainsi des années les plus orageuses de sa jeunesse, et, un jour, nous le marierons.

Puis, remarquant que la physionomie de madame Borel s’est soudain attristée, Sylvia reprend :

— Mais vous paraissez soucieuse ; qu’avez-vous, de grâce ?

— Hélas ! dans ma folle espérance, j’oubliais d’abord que nous résidons habituellement à Lyon, bien que mon mari soit résolu à venir beaucoup plus souvent à Paris que par le passé ; puis j’oubliais surtout que vous, madame, et M. Wolfrang, vous voyagez souvent, nous a-t-on dit.

— Il est vrai, Wolfrang et moi, nous sommes un peu des oiseaux voyageurs.

— Hélas ! je vois l’ange gardien de mon pauvre Alexis s’envoler au loin à tire-d’ailes.

— Et la correspondance ! ne la comptez-vous pour rien, madame ? – reprend Wolfrang en souriant. – Ah ! si vous connaissiez le style épistolaire de Sylvia !

— Quoi ! chère madame Borel, – ajoute gaiement la jeune femme, – vous me faites l’injure de croire que l’on m’aime moins absente que présente ? Je prétends bien, au contraire, m’emparer assez complétement de l’esprit de votre cher enfant pour que son amour résiste à l’éloignement, et, absente, lui écrire des lettres si affectueuses, si cordiales, qu’il les préférera peut-être encore à mon entretien. Enfin, – ajoute Sylvia d’un ton pénétré, – vous voudrez bien, chère madame, permettre à Wolfrang de vous offrir, comme gage d’amitié sincère et comme souvenir de notre entrevue d’aujourd’hui, un portrait de moi peint par lui, et si vivant, que, lorsque votre cher fils verra chez vous ce portrait, il pourra croire à ma présence. Puis-je faire un plus bel éloge du talent de Wolfrang ?

— Ah ! madame ! madame ! – dit la femme du banquier avec expansion, – vous avez le génie de la bonté ; vous me rassurez sur ce que je redoutais davantage pour mon pauvre enfant : votre absence. Ainsi vous daignerez lui écrire quelquefois ?

— Non pas quelquefois, mais souvent, à la condition expresse que je recevrai de lui chaque jour une très-longue lettre.

— Une sorte de journal de sa vie, de ses impressions, de ses sentiments, – ajoute Wolfrang s’adressant à madame Borel. – Ce sera pour Alexis une occupation de deux ou trois heures par jour ; autant de pris d’abord sur l’ennemi ; puis vous verrez, madame, quels seront les excellents résultats des épanchements de cette âme ingénue. Il élèvera plus encore sa pensée, il recherchera davantage le juste et le bien, il redoublera d’aversion pour le mal, afin de pouvoir écrire à Sylvia : « Je suis digne de votre intérêt, madame. » En un mot, il se sentira, pour ainsi dire, toujours sous les yeux de celle dont son cœur sera rempli ; et ainsi échoueront ces tentatives dangereuses que la vigilance de la plus tendre des mères est souvent impuissante à conjurer ; car l’amour filial, si profond qu’il soit, laisse toujours place à un autre amour, n’est-il pas vrai, madame ? et, de cet autre amour, les conséquences peuvent être aussi funestes…

— Que seront heureuses les conséquences de l’amour de votre cher fils pour moi, madame Borel, vous le verrez. Or, pour nous résumer, vous direz à M. Alexis que vous m’avez fait sa déclaration en présence de Wolfrang ; que, de cette déclaration, je suis très-touchée ; que j’éprouve pour la noblesse de mon amoureux beaucoup de sympathie, et qu’enfin je lui donne rendez-vous ici pour demain, à une heure.

Madame Borel, de qui l’âme nageait dans une joie indicible, allait rendre grâce à Sylvia, lorsque Tranquillin, paraissant au seuil de la porte, salue révérencieusement l’assistance ; puis, s’approchant de Wolfrang :

— Que mon honoré maître me pardonne de le déranger, mais il est urgent qu’il veuille bien m’accorder quelques instants d’entretien.

— Veuillez m’excuser, madame, dit Wolfrang prenant congé de madame Borel.

Puis, s’adressant à Sylvia :

— Vous n’oublierez pas votre visite à mademoiselle Antonine Jourdan.

— Mon ami, j’irai la voir tout à l’heure, – répond Sylvia.

Wolfrang sort avec Tranquillin, laissant madame Borel fort surprise d’apprendre que Sylvia se proposait d’honorer de sa visite cette jeune fille sur laquelle pesait, depuis la veille, une accusation d’infamie.

Wolfrang, ayant fermé la porte du salon, dit à Tranquillin :

— Que me veux-tu ?

— Seigneur, ce pauvre malheureux est venu il y a un instant me trouver avec son chien ; ils sont dans une désolation à faire pitié ; ils ne doutent pas qu’après le scandale d’hier au soir, on ne les chasse d’ici ; ils m’ont apporté le montant de leur mois de loyer courant, ajoutant qu’ils n’osaient demander la faveur de rester quelques jours de plus dans une maison dont leur indignité les faisait chasser.

— Mais je t’avais prévenu que…

— Attendez, s’il vous plaît, seigneur, attendez ; je leur ai répondu que je ne pouvais recevoir leur argent, mon honoré maître ne m’ayant jusqu’ici notifié aucun ordre d’expulsion à leur endroit ; ils se sont, à ces mots, regardés tous les deux avec un extrême étonnement, mêlé d’un soupçon de vague espérance ; puis, réfléchissant probablement que cette expulsion n’était que différée, ils ont soupiré, m’ont quitté aussi désolés qu’ils étaient venus, et ont regagné leur logis.

— Ainsi, M. Dubousquet est chez lui à cette heure ?

— Oui, seigneur.

— Il n’est venu personne offrir de louer la boutique du rez-de-chaussée, ni l’appartement vacant au premier étage ?

— Non, seigneur.

— Si, d’aventure, quelqu’un se présentait pour ces locations, ne conclus rien sans m’avertir ; tu me trouverais chez M. Dubousquet, où je vais.

— Vos ordres, seigneur, seront exécutés, – répond révérencieusement Tranquillin à son maître.

Wolfrang se rend chez le repris de justice, et sonne à sa porte.

Un jappement de Bonhomme répond au bruit de la sonnette, et bientôt la porte, d’abord entrebâillée par M. Dubousquet, s’ouvre toute grande lorsqu’il a reconnu Wolfrang, devant lequel il s’incline, craintif, atterré, ne doutant plus que le propriétaire ne vienne en personne lui signifier son expulsion de la maison.

— Voulez-vous bien, monsieur, me faire l’honneur de m’accorder quelques moments d’entretien ? demande Wolfrang d’un ton pénétré, appuyant à dessein sur ces mots me faire l’honneur, et s’inclinant, le chapeau à la main, devant le forçat libéré.

Celui-ci, stupéfait des paroles, de l’accent et de la physionomie de Wolfrang, où se lit l’expression d’un vif intérêt, mêlé d’une respectueuse déférence, reste d’abord muet et pétrifié.

Puis, balbutiant dans son trouble quelques paroles inintelligibles, il se hâte de précéder Wolfrang dans l’appartement, oubliant de fermer la porte extérieure, oubli que répare Bonhomme en se dressant sur ses pattes de derrière et en appuyant celles de devant sur le battant, qui se referme.

Mais, après avoir accompli cet acte de haute intelligence, il trouve close la pièce où M. Dubousquet vient d’entrer avec Wolfrang ; or, supposant que sa présence est sans doute inopportune en ce moment, puisque son maître le laisse dehors, et se résignant à cet ostracisme en chien bien appris, il se couche au seuil de la porte du salon où Wolfrang s’entretient avec son locataire.

Share on Twitter Share on Facebook