NOTE 7.

Madame Campan rapporte autrement l’entretien de Dumouriez :

« Tous les partis s’agitaient, dit-elle, soit pour perdre le roi, soit pour le sauver. Un jour je trouvai la reine extrêmement troublée ; elle me dit qu’elle ne savait plus où elle en était, que les chefs des jacobins se faisaient offrir à elle par l’organe de Dumouriez, et que Dumouriez, abandonnant le parti des jacobins, était venu s’offrir à elle ; qu’elle lui avait donné une audience ; que, seul avec elle, il s’était jeté à ses pieds, et lui avait dit qu’il avait enfoncé le bonnet rouge jusque sur ses oreilles, mais qu’il n’était ni ne pouvait être jacobin ; qu’on avait laisser rouler la révolution jusqu’à cette canaille de désorganisateurs qui, n’aspirant qu’après le pillage, étaient capables de tout, et pourraient donner à l’assemblée une armée formidable, prête à saper les restes d’un trône déjà trop ébranlé. En parlant avec une chaleur extrême, il s’était jeté sur la main de la reine, et la baisait avec transport, lui criant : Laissez-vous sauver. La reine me dit que l’on ne pouvait croire aux protestations d’un traître ; que toute sa conduite était si bien connue, que le plus sage était, sans contredit, de ne point s’y fier ; que d’ailleurs les princes recommandaient essentiellement de n’avoir confiance à aucune proposition de l’intérieur… etc. »

(Tome II, page 202.)

Le récit de cet entretien est ici, comme on le voit, différent à quelques égards, cependant le fond est le même. Seulement, en passant à travers la bouche de la reine et celle de madame Campan, il a dû prendre une couleur peu favorable à Dumouriez. Celui de Dumouriez peint d’une manière plus vraisemblable les agitations de l’infortunée Marie-Antoinette ; et comme il n’a rien d’offensant pour cette princesse, ni rien qui ne s’accorde avec son caractère, je l’ai préféré. Il est possible néanmoins que la présomption de Dumouriez l’ait porté à recueillir de préférence les détails les plus flatteurs pour lui.

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