XIV

Que les âmes compatissantes se rassurent. La montagne glacée de désespoir qui m’écrasait, le cœur sembla se fondre à mesure que le charbon diminuait dans nos soutes. Il faut que l’air de la Méditerranée possède des propriétés singulièrement consolatrices, car nous n’avions pas encore touché à Naples que j’entrevoyais déjà la possibilité de vivre avec ma blessure.

– Je souffrirai jusqu’à mon dernier jour, pensais-je en voyant fuir le sillage bleu, lamé d’argent par l’hélice infatigable. Mais je sens que j’aurai la force de ne pas mourir. Seulement, qu’on ne me parle plus jamais d’amour ! Que l’ironie de ce mot odieux ne frappe plus jamais mes oreilles ! Une seule femme pourra se faire gloire d’avoir vaincu, subjugué, trahi Gaston de Vaudelnay. Que les autres en prennent leur parti ! Désormais il défie tous leurs décevants artifices.

Quand nous reprîmes la mer, après une visite à Pompéi, cette belle morte dont le suaire de cendres s’est écarté sous des mains profanes, il me semblait que le souvenir de madame X*** et celui de toutes ces beautés dont je venais de contempler les appartements et les bijoux, comptaient un nombre de siècles à peu près égal.

En longeant les côtes de Cythère, – nous aurions rougi de perdre une heure pour y aborder, – je souriais avec orgueil comme si j’eusse contemplé la capitale dévastée d’un ennemi désormais impuissant. Ah ! qu’il faut se garder de ces inutiles fanfaronnades !

Au Parthénon, sous ces colonnes aux tons d’ocre parmi lesquelles semble glisser encore la blanche tunique aux longs plis de la chaste déesse, des voix mystérieuses, mêlées à l’encens des sacrifices, chantaient à mes oreilles :

– Vis sans aimer, et tu vivras heureux !

Et déjà j’éprouvais je ne sais quel vague bonheur de vivre, de respirer l’odeur des jasmins flottant à travers les rues poudreuses, de suivre d’un regard charmé les jeunes Athéniennes aux yeux noirs, allant remplir leurs amphores à la fontaine.

Enfin l’avouerai-je ? Tandis que je gravissais les pentes de Galata pour aller prendre mes lettres à la poste française de Constantinople, une pensée me préoccupait :

– Pourvu qu’elle ne m’ait pas écrit de revenir !

Car j’aurais été l’homme le plus contrarié du monde s’il m’avait fallu dire adieu si vite à cet Orient que j’entrevoyais à peine et qui déjà me captivait. Oh ! la ville sainte avec ses minarets et ses coupoles noyés dans la verdure ! Oh ! le Bosphore avec sa double bordure de palais endormis ! Oh ! les musulmanes drapées dans leurs satins clairs, laissant voir à travers la mousseline complaisante du yachmak leurs grands yeux noirs, si provocants sous la frange des cheveux dorés par le henné !…

Trois lettres seulement m’attendaient à la poste : deux sur lesquelles je comptais, celle de ma mère et celle de Rosie, la troisième d’une écriture inconnue, ronde, moulée comme les caractères d’un écrivain public. L’enveloppe carrée, en papier jaune, avait les allures froides d’une correspondance d’affaires. Il ne faut pas se fier aux apparences. Voici ce que je lus dans la missive mystérieuse que j’avais ouverte tout d’abord :

« Monsieur,

» Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois dans un salon qui porte un des plus vieux blasons de France, mais je ne vous nommerai pas les maîtres de la maison, pas plus que je ne vous laisserai deviner qui je suis moi-même.

» Vous voudriez savoir au moins quels ont été nos rapports, si nous avons souvent causé, dansé ensemble, ce que nous nous sommes dit, si je vous ai plu, si vous m’avez fait la cour. Peut-être avez-vous la curiosité – flatteuse pour moi – de connaître mon impression sur votre personne. Voilà bien des questions, mais vous n’aurez de réponse qu’à la dernière. Vous intéresserait-elle moins que les autres ? Avouez que non.

» Eh bien, monsieur, je pense de vous des choses… que je me suis bien gardée de vous dire, ou même de vous laisser soupçonner. Mais, s’il vous plaît, n’allez pas croire que c’est par modestie ou par crainte de vos dédains. Je connais vos goûts. Je vous ai trouvé parfois moins difficile pour d’autres femmes qu’il ne vous serait, à coup sûr, permis de l’être. J’ai constaté en vous des… indulgences faites pour encourager de moins modestes que moi – et de plus mal partagées. Mais qu’aurais-je gagné à me faire ouvrir les portes du temple ? Je m’y serais trouvée en trop nombreuse compagnie ! Je ne comprends que les chapelles bien fermées, avec un seul tabernacle et une lampe qui brûle fidèlement, sans jamais s’éteindre. Vos enthousiasmes, autant que je puis croire, ressemblent à ces décors de feu d’artifice qui s’embrasent tout à coup et disparaissent très vite, pour faire place au numéro suivant du programme.

» Avec tout cela – vous allez bien rire – j’ai beaucoup souffert et je souffre encore, car je vous aime. Eh bien ! ne riez pas trop ; ne dites pas : « Bon, encore une ! » Oui, je vous aime, et, sans doute, je ne suis pas la première qui vous l’écrive. Mais ce qui me distingue des autres, c’est que je vous aimerai toujours, et que vous ne saurez jamais qui je suis. Vous haussez les épaules ? Vous dites que je joue un air connu ? Vous verrez que non. Dans dix ans, vous n’en saurez pas plus qu’aujourd’hui. Et, dans dix ans, je vous aimerai encore.

» D’ailleurs, si j’étais comme les autres, je n’aurais pas attendu que vous fussiez à sept ou huit cents lieues de la France pour vous dire que ma pensée ne vous quitte pas, que je donnerais ma vie, si elle m’appartenait, pour embellir la vôtre, que vos yeux, quand ils rencontrent les miens, me donnent le plus grand bonheur que je me souvienne d’avoir connu.

» Et cependant la tendresse du meilleur et du plus noble des êtres m’entoure d’une constante adoration. Mais je vous aime, et je suis tellement malheureuse de ne vous l’avoir jamais dit, que j’essaye de vous le dire afin de voir si, désormais, je serai plus heureuse.

» Voilà tout, monsieur, et notre correspondance doit s’arrêter ici. Toutefois, il me serait agréable de savoir que vous avez reçu cette lettre qui contient – j’ai l’orgueil de le croire – quelque chose de plus précieux qu’un paquet de billets de banque : un cœur qui ne s’était jamais donné. Vous m’apprendrez sincèrement ce que vous pensez de cette folie. Mais tout le bien ou tout le mal que vous pourrez me dire n’empêcheront pas que ces lignes ne soient les dernières écrites pour vous par

» UNE AMIE DÉVOUÉE. »

Pour toute signature, cette missive étrange portait une pensée finement dessinée à la plume. Le post-scriptum invitait à répondre sous des initiales compliquées au bureau de poste de la Madeleine, à Paris.

Quoi que l’on doive penser de moi, j’avouerai que je relus deux fois cette lettre avant d’ouvrir les deux autres, lesquelles, d’ailleurs, ne contenaient rien, à beaucoup près, d’aussi intéressant. Ma mère me donnait en détail les nouvelles du jour de Vaudelnay, terminant sa quatrième page par des recommandations instantes de bien me soigner et « d’être prudent dans un pays où la vie des hommes est comptée pour si peu de chose ». À coup sûr, en écrivant ces lignes, ma chère mère avait des visions de pals, de poignards et de sacs de cuir immergés dans le Bosphore avec deux victimes – de sexe différent – s’y débattant contre la mort.

Quant à ma cousine, en la lisant on croyait l’entendre. C’était la même affection simple, raisonnable, éloignée de toute exaltation de pensée et de langage. Pauvre miss Pot-au-Feu !

Malgré tout, sa prose aurait pu me paraître charmante, sans la rivale inconnue auprès de laquelle cette âme naïve semblait singulièrement terre à terre. Qui était-elle donc cette autre femme, romanesque et vertueuse tout à la fois, dont l’amour tombait sur moi comme la fleur parfumée qui effleure le front du voyageur traversant un bois d’orangers ? Comment l’avais-je vue sans la remarquer ? Où l’avais-je rencontrée ? Par quelle séduction involontaire avais-je pris sa tendresse ?

Pendant une heure, je fouillai par la pensée quatre ou cinq des salons les plus haut cotés comme aristocratie que je fréquentais jadis, du temps où madame X*** ne m’entraînait pas à sa suite dans un monde moins blasonné. Quelques profils vagues, à demi perdus dans la pénombre d’un souvenir éloigné, se présentèrent à mes yeux. J’appelai mon imagination à mon secours pour peindre le portrait de l’inconnue. Je me figurais une femme grande, blonde, mélancoliquement rêveuse, d’une beauté poétique, unie par un mariage de raison à quelque époux trop âgé pour elle, plein de mérite et très affectueux, mais qu’elle n’avait pas pu aimer. Pourquoi me donnait-elle cet amour idéal et profond, à moi qui me sentais si peu digne d’une offrande aussi précieuse, à moi dont les grâces moins qu’éthérées d’une coquette avaient tourné la tête et conquis l’admiration ? Et pourtant ma correspondante anonyme semblait avoir peu d’illusions sur mon compte. La preuve en était dans certaine phrase de sa lettre et, plus encore, dans cette défiance à mon égard qu’elle manifestait sans ménagements.

Ô variations bizarres et soudaines du cœur humain ! La veille encore, ma réputation naissante d’homme à succès paraissait à mes yeux comme une auréole de gloire, pittoresquement voilée par le crêpe funèbre d’une trahison. Et voilà qu’à cette heure je n’avais plus qu’un désir : convaincre cette douce amie que j’étais un chevalier fidèle et discret, digne d’être aimé, digne d’être admis à la voir, à m’agenouiller devant elle, à baiser ses mains ou tout au moins le pli de sa robe. Mon enthousiasme était si grand que je voulais d’abord partir sur l’heure, courir chercher cette tendre créature dans chaque rue, dans chaque maison de Paris, la guetter pendant un mois, s’il le fallait, au guichet de la poste où elle devait venir prendre ma réponse.

La réflexion me fit voir qu’il fallait arriver à elle par d’autres moyens, si toutefois je devais être assez heureux pour percer un jour ce charmant mystère. Sans prendre le temps de redescendre au port et de regagner la Galathée, j’entrai dans un des hôtels de Péra et je demandai de quoi écrire. Je me souviens que ma lettre commençait ainsi :

« Madame, ce que vous appelez ironiquement « mon temple » n’est plus, à cette heure, qu’un monceau de ruines sur lesquelles se dresse la chapelle « bien fermée » où vous voulez que je vous adore. La pauvre lampe de mon cœur est allumée devant l’autel. Une seule chose manque à ce culte nouveau et chéri : l’image, le nom de celle qui m’a converti de mes erreurs grossières.

» Ce nom je l’attends, je l’invoque ; cette image, cachée derrière son voile de pureté, mon respect l’implore à genoux. Apôtre de l’amour chaste et vrai, vous avez, d’un seul mot, renversé mes idoles. Ce n’est que la moitié de votre tâche bienfaisante et j’ai le droit de vous dire : Ne mettrez-vous rien à la place de ce que vous avez détruit ?… »

Pendant de longues pages, mon zèle de néophyte s’épanchait avec ce lyrisme qui fera sourire, j’en ai peur, la plupart des hommes qui ont aujourd’hui vingt-cinq ans, l’âge que j’avais alors. Je reniais les erreurs du passé, particulièrement madame X***, ne la désignant, bien entendu, que par des allusions sagement voilées. Pour l’avenir, je m’engageais par les plus redoutables serments à devenir le modèle de ceux qui aiment. Mais je donnais à entendre que toutes ces belles résolutions dépendaient du nouvel arbitre de ma vie. Au prix d’une réponse courrier par courrier, je garantissais ma persévérance. Que si ma belle correspondante exécutait ses menaces de silence perpétuel, Dieu sait ce qui adviendrait de moi ! Me reverrait-on jamais ? Ne promènerais-je pas mon égarement, pécheur endurci, de la Turquie aux Indes, des Indes en Chine, de la Chine au Japon, plus loin si c’était possible ? Mes parents s’éteindraient dans les larmes ! À qui la faute ? Une réponse, une réponse contenant ne fût-ce qu’une lueur d’espoir, et je rentrais en France à l’instant même, corrigé de toutes mes erreurs, portant dans ma poitrine un cœur nouveau. C’était à prendre ou à laisser. Positivement, j’avais un peu perdu la tête.

Ma lettre partie, je comptai les heures qui me séparaient du retour du courrier. Que dis-je, les heures ? c’était bel et bien l’affaire de deux semaines, car, à cette époque, l’Orient-Express ne roulait pas encore entre Paris et Varna.

Pendant ces quinze jours, mon ami et moi nous courûmes les ruines, les bazars, les mosquées, de Stamboul à Scutari. En outre la Galathée chauffa plus d’une fois pour nous conduire soit aux îles des Princes, soit dans le haut Bosphore, soit même sur les côtes les plus voisines de la mer Noire où, par parenthèse, un coup de vent d’est faillit me noyer, moi et ma chapelle toute neuve, encore veuve de sa statue. D’ailleurs aucune aventure d’un genre plus doux ; pas la moindre tentation, ce qui est, pour les nouveaux convertis de mon espèce, la meilleure garantie de persévérance. Dieu sait ce qui serait arrivé si j’avais fait mon stage de vertu dans un pays où les femmes sont moins cloîtrées !

Enfin le paquebot de la malle française fut signalé au sémaphore de Galata, dont j’avais appris les séries de pavillons par cœur. Ô joie ! le guichet de la poste s’ouvrit pour laisser passer dans mes mains une enveloppe de cette même écriture renversée que mes yeux avaient relue si souvent. Ma divinité n’était point inexorable et m’épargnait le voyage du Japon qui, entre nous, me donnait à réfléchir.

« Monsieur, m’écrivait-on, j’aime trop vos parents – sans les connaître – pour les priver si longtemps de la présence de leur fils. Vous vouliez une réponse ; la voici. Quant au reste, vous me permettrez bien de vous dire que je ne saurais prendre toutes vos belles paroles pour argent comptant. Je me défie des conversions si faciles et si promptes, et j’estime qu’il y faut un peu de martyre, tout au moins quelques cicatrices de fer ou de feu, quelque épreuve de confrontation avec les bêtes de l’amphithéâtre.

» D’ailleurs, il faut en prendre votre parti. Votre chapelle – je vous félicite de l’avoir édifiée si aisément – contiendra quelque jour, si Dieu m’écoute, une statue fidèlement honorée. Mais ce ne sera pas la mienne, qui ne saurait quitter la modeste niche où la retient le devoir. Je vous répète que je vous aime, que je vous aimerai toujours. Vous l’avoir dit, savoir que vous ne l’ignorez plus, bien que vous ignoriez tout le reste, cela me procure déjà des douceurs infinies. Depuis que j’ai cessé d’être une enfant, je ne me souviens pas d’avoir connu quelque chose qui touche au bonheur d’aussi près.

» Peut-être, puisque vous allez revenir, vous apercevrai-je de loin en loin, mais mon secret sera mieux gardé que jamais, car il doit l’être ; je mourrais de honte s’il en était autrement. Mais je suivrai tendrement des yeux votre chemin dans la vie. Et même, si vous restez digne de moi, ma plume viendra vous dire de temps en temps que je suis fière de vous et reconnaissante, jusqu’au jour où une autre, celle qui sera votre femme, vous le dira des lèvres. Je rougis de ma faiblesse, car je m’étais juré de vous écrire une seule fois. Mais cette faiblesse n’enlève rien à personne. Elle ne m’empêchera de remplir aucun des devoirs de ma vie… et vous, ami, jusqu’à présent vous n’avez guère de devoirs. »

Une fleur de pensée, comme la première fois, remplaçait la signature absente. J’y posai mes lèvres.

– Qui sait, me disais-je tout bas, si d’autres lèvres n’ont pas donné rendez-vous aux miennes à cette place ?

Le courrier m’apportait seulement deux lettres : celle que je viens de dire, et une seconde, de la main de ma mère. Rien de ma cousine, ce jour-là, mais je n’avais pas le droit de me plaindre, car la pauvre miss Pot-au-Feu attendait encore sa réponse. Aussi, que pouvais-je bien répondre à cette tranquille et prosaïque personne, si éloignée de la note actuelle de mon esprit que j’aurai dû me battre les flancs pendant une heure pour lui écrire vingt lignes ! Lui raconter ma bonne fortune platonique et épistolaire ? À quoi bon ? La froide écriture pouvait-elle initier cette profane aux mystères du grand amour ?

Moi, je le comprenais, le grand amour ; je le respirais ; je me mouvais dans cette atmosphère à la fois pure et troublante comme celle des hauts sommets. Parfois, étonné du sentiment nouveau qui m’absorbait, j’avais peur d’être la proie d’une folie passagère, éclose dans mon cerveau sous l’ardeur du ciel d’Orient. Ou bien, peut-être, je subissais, malgré moi, l’influence d’une tendresse passionnée qui m’obsédait de loin. Peut-être mon cœur s’égarait à la poursuite d’une chimère, dont je me moquerais bientôt moi-même ainsi que d’un songe incohérent. Et si jamais le hasard ou la constance de mes efforts me mettaient en face de mon inconnue, ne m’apercevrais-je pas de mon erreur, de mon impuissance à l’aimer ?

– Tu l’aimeras éperdument si tu peux la découvrir, me répondait mon cœur. Et, si elle t’échappe, le couronnement du bonheur manquera toujours à ta vie.

Désormais, chaque heure passée sur ce sol lointain me semblait perdue… Je courus rejoindre mon ami.

– Écoute, lui dis-je ; il faut que je rentre à Paris. Tu ne m’en voudras pas si je t’abandonne ?

– J’allais te proposer de partir, me répondit le maître et seigneur de la Galathée. Je m’ennuie atrocement dans cette ville où les femmes sont des fantômes. Les Parisiennes ressemblent à la lance d’Achille. Blessé par elles, c’est par elles qu’on doit être guéri. Demain, au soleil levant, nous verrons disparaître dans les flots d’or la pointe du Sérail. Mais toi, que t’arrive-t-il ? Tu resplendis. Gageons qu’elle t’écrit de revenir.

Je racontai discrètement mon histoire. Au reste, vu les circonstances, il m’eût été difficile de me montrer indiscret.

– Tu m’as joliment l’air d’un homme sur le point de se faire rouler, grommela cet affreux sceptique.

Je m’enfuis pour ne pas l’étrangler. À l’aube suivante, quand le bruit des anneaux de fer martelant l’écubier m’annonça que nous étions en train de lever l’ancre, je n’avais guère fermé l’œil. Cinq jours après, mon compagnon et moi nous prenions place dans l’express qui quitte Marseille à six heures du soir. Encore quelques moments, et j’allais respirer le même air que la dame aux pensées !

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