XIII Acte IV, Scène II

Michel-André Nieux : Tout est prêt Andy ?

Michel-André Vogratin : Tout est prêt, Dédé.

Michel-André Nieux : Parfait ! Mimi ? Avez-vous bien stérilisé tous les instruments ?

Michel-André Comtou : Oui Dédé, tout est en ordre.

Michel-André Nieux : Très bien. Le patient est-il soigneusement ligoté sur la table d’opération ?

Michel-André Vogratin : Comme un saucisson, Dédé.

Michel-André Nieux : Formidable Andy. Le pouls ?

Michel-André Vogratin : Régulier.

Michel-André Nieux : La tension ?

Michel-André Comtou : Treize et des brouettes.

Michel-André Nieux : Excellent ! Bon, allons-y… en douceur… Mimi, passez-moi l’écarteur de poils et la plume de serin, je vous prie ! Merci. Guili guili guili… guili guili guili…

Le concombre : Gnnn…

Michel-André Nieux : Guili guili guili… guili guili guili…

Le concombre : Gnnn… Gnnn… Hmmm… Gnnn…

Michel-André Nieux : Ah, il résiste le bougre… Attends un peu mon gaillard… Plume d’oie ! Merci Mimi. Guili guili guili… guili guili guili… Guili Guili Guili…

Le concombre : Gnnn… Gnnn… hihi… Gnnn… hihihi… Gnnn…

Michel-André Nieux : Héhé, je sens que ça vient… Allez, encore un petit effort… Guili guili guili… guili guili guili… Guili Guili Guili…

Le concombre : Gnnn… Gnnn… hihi… Gnnn… hihihi… Gnnn… Hihihi hihihi hahaha houhouhou hahahaha hihihiiiiiiii… BOUM !!!!

Michel-André Nieux : Et voilà le travail ! Vite Mimi, récupérez-moi autant de jus que vous le pourrez, nous allons immédiatement l’analyser. Ça va messieurs ? Vous ne vous êtes pas fait trop éclabousser ?

Peter Mac Roe : My God, ça brûle ! Déjà tout à l’heure j’en ai ingurgité une lampée et voilà que maintenant, je m’en prends une giclée dans l’œil !

Michel-André Nieux : Sans soute aviez-vous mal ajusté vos lunettes Monsieur le Directeur… Allez vite vous rincer l’œil ! Bien… procédons à l’analyse de ce jus… Mon Dieu, que ça pue… Alors, voyons voir ça… Oui… D’accord… C’est cela… Ah ! Je m’en doutais… Eh bien Messieurs, voilà qui confirme définitivement ce que nous suspections depuis longtemps. Alors qu’en temps normal la libido d’un concombre de mer est proche du zéro absolu sur l’échelle de Braquemart, il apparaît que le métabolisme de celui-ci a été totalement bouleversé par le concentré de pet de lamantin que nous lui avons fait inhaler et que son jus charrie à présent une impressionnante quantité de citrate de sildénafil et de testostérone. De plus, l’observation de son mésoderme intermédiaire met en évidence un accroissement considérable de la taille de ses gonades. Ce matin, lorsque nous lui avons fait passer l’échographie, elles étaient à peine plus volumineuses que des graines de radis nains et voilà qu’à présent, elles sont grosses comme des litchis… En vérité messieurs, je vous le dis, si nous n’avions pas eu la bonne idée de le faire exploser, ce concombre, une fois relâché dans la nature, aurait été une véritable bombe sexuelle et se serait reproduit comme un lapin.

Peter Mac Roe : Eh bien, je crois que cette fois-ci, il n’y a plus le moindre doute. Toutes mes congratulations, Professeur !

Michel-André Nieux : Je vous en prie, Monsieur le Directeur, je n’ai fait que mon devoir et je suis particulièrement heureux d’avoir pu, en toute humilité, mettre mon modeste génie au service de notre belle cité et de nos chers concitoyens.

Peter Mac Roe : Je vais immediately aller téléphoner à Monsieur le Maire afin qu’il puisse prendre sans retard les décisions qui s’imposent.

Michel-André Nieux : Vous avez raison, Monsieur le Directeur, il faut agir, et sans délai !

Moi : Qu’allez-vous faire exactement ?

Michel-André Nieux : Hélas, nous n’avons guère le choix, Monsieur Troudic. Aux grands maux les grands remèdes… Nous allons procéder à l’éradication totale du troupeau de lamantins qui encombre la baie de Saint-Glinglin.

Moi : Éradication… Vous voulez dire que vous allez tous les… ?

Michel-André Nieux : Les tuer, oui, absolument, tous, jusqu’au dernier !

Moi : Mais… n’y aurait-il pas moyen de simplement les capturer et de les emmener ailleurs ?

Michel-André Nieux : Pour qu’ils reviennent l’année prochaine et que le problème recommence de plus belle ? Tss tss tss, voyons, soyons sérieux… non, croyez-moi Monsieur Troudic, la seule solution, pour se débarrasser définitivement de ces grosses vaches et de leurs pets infâmes, c’est de les zigouiller, toutes, et sans exceptions.

Moi : Je trouve quand même cela extrêmement cruel…

Michel-André Nieux : Ne vous méprenez pas, cher Monsieur Troudic, moi aussi j’adore les animaux, j’ai même eu un cochon d’Inde quand j’étais petit et j’ai beaucoup pleuré lorsqu’il est mort noyé dans le pot de chambre de ma grand-tante, mais, dans la situation présente, il nous incombe de mettre nos sentiments de côté car il en va de la sauvegarde de l’économie de notre ville et de toute la région ! Face à de tels enjeux, je vous le dis tout net : pas de cadeaux, taïaut taïaut, à l’assaut, mort aux vaches et mort aux veaux !

RIDVEAU

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