XIX Chez Tatane

Lorsque je débarque au Centre Océanographique et de la Protection des Plages de Saint-Glinglin, j’y trouve Peter Mac Roe, très énervé, en train de faire les cents pas dans le hall.

— Mais enfin François ! Tu as vu l’heure qu’il est ? Où étais-tu ? Ça fait deux heures que je t’attends ! Si on ne se dépêche pas, le magasin de location de costumes va être fermé… tu imagines la catastrophe !

— Excuse-moi Peter, mais déjà, lorsque je suis allé à la poste, il y avait la queue jusque sur le trottoir, et ensuite…

— Oui, oui, c’est ça… tu n’as pas changé François, toujours en retard et toujours de bonnes excuses… Allez viens, dépêchons-nous, hurry up !

En arrivant devant « Chez Tatane, costumes, masques, frites, panoplies, déguisements » le propriétaire est en train de fermer boutique.

— Monsieur, monsieur, attendez…

— Désolé messieurs, mais c’est fermé…

— Je vous en prie Monsieur Tatane, il nous faut impérativement des déguisements pour…

— … le bal costumé de la Mairie, oui, je sais… c’est d’ailleurs pour cela que ça ne sert à rien d’insister… le magasin n’a pas désempli de l’après-midi, j’ai été littéralement dévalisé, il ne me reste plus rien, à part un costume de Zorro, mais beaucoup trop petit pour vous.

— Rien ? rien du tout ? Nothing ? vous êtes sûr ? My God… mais quelle catastrophe !… Le Maire donne un bal costumé en notre honneur et nous allons nous y présenter sans le moindre déguisement… bouuuuuuh… bouuuuuuh… Mon Dieu, quelle honte, quel déshonneur… bouuuuuuh… Nous allons être la risée de tout Saint-Glinglin… bouuuuuuh… Ma carrière est brisée… Je ne m’en relèverai pas… bouuuuuuh… Je suis un homme fini… bouuuuuuuuuuuuuuuh…

— Mais voyons monsieur, ne vous mettez pas dans un tel état… Enfin… un grand garçon comme vous… ressaisissez-vous… Allons, allons… c’est fini ce gros chagrin… Bon… hmmm… grouuuumpf… très bien… allez… rentrez une minute, je vais vois ce que je peux faire…

Et Monsieur Tatane relève son rideau de fer tandis que Peter Mac Roe m’adresse un clin d’œil complice à travers ses larmes de crocodile.

— Bien, attendez-moi ici une minute, et prenez donc un petit cornet de frites, le temps que je descende à la réserve voir si je parviens à vous dégoter quelques chose…

Deux minutes plus tard, Monsieur Tatane remonte avec un grand sac en plastique.

— Messieurs, c’est tout ce que j’ai pu vous trouver. J’avais mis ces costumes de côté, car ils ont besoin de quelques retouches, mais pour ce soir, il faudra vous en contenter. Alors… voyons-voir… voilà… nous avons donc… un déguisement de Mandrake le Magicien…

— C’est formidable, Monsieur Tatane, j’ai toujours rêvé de me déguiser en Mandrake le Magicien ! Je le prends !

— … et un costume de Lapin Rose.

— Mais c’est merveilleux ça, hein François ? je suis sûr que ce costume va t’aller comme un gant !

— Il est hors de question que je me déguise en Lapin Rose !

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