MADELEINE

« … les publicains et les femmes de mauvaise vie entreront avant vous dans le royaume de Dieu. »

Lorsqu’ils m’ont demandé :

« Et celle-là ? Nous ne la connaissons point. La chasserons-nous du royaume, où la voici dressée comme un pois de senteur qui a levé la nuit ? Regardez ces manches qui lui pendent comme des loques de soie, ce visage où l’on est tenté de passer son doigt pour enlever le blanc, et ces yeux trop grands qui regardent tout d’un seul coup ! Elle attend, des gens de campagne autour d’elle. On dirait une jument dans un troupeau de moutons, qu’on découvre silencieux et effarés, sur une butte de terre, le lendemain de l’inondation… »

J’ai répondu :

« Recevez-les parmi vous : c’est Madeleine, la fille perdue ; et les autres se sont trouvés pris avec elle, dans la lumière, durant la dernière nuit humaine. »

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