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LE JEUNE HOMME HONNÊTE ET SPIRITUEL

OU LES INCONVÉNIENTS DU MARIAGE.

MÉLODRAME EN TROIS ACTES, DANS LEQUEL FIGURENT DES PÈRES ET MÈRES

ACTE PREMIER

Vous voyez d’abord un jeune homme : il va tous les jours à son administration, il est joli garçon, très élégant.

Ses père et mère sont d’honorables bourgeois, retirés du commerce ; ils ont pignon sur rue, logent dans une de leurs maisons, se complaisent à voir leur fils mener une conduite rangée. Il a une place de mille écus ; on lui donne mille autres écus, et ce jeune homme a un cabriolet ; si bien qu’il mène sa mère ou son vénérable père au bois de Boulogne, au spectacle.

Ils sont sûrs, ces bons parents, que leur fils ne joue pas ; leur fils est toute leur gloire, ils s’y mirent : il ressemble autant à M. Crevet qu’à Madame.

On songe à marier ce fils : la scène change : alors vous voyez des anciens amis de M. Crevet qui amènent leur fille, Mlle Joséphine : ce sont de bons et honorables bourgeois qui donnent cent mille écus à leur fille, et cela comptant.

ACTE DEUX

Le jeune homme avec ses père et mère chez les père et mère de sa prétendue : là il y aura un ballet si vous voulez.

Changement de décoration. Vous voyez un appartement qui n’est pas dans la maison du père Crevet, ni chez les pères et mère de la prétendue : l’appartement est brillant, le couvert est mis ; une jeune femme habillée avec élégance attend ; elle est jolie, peau blanche, yeux vifs, lèvres vermeilles ; elle regarde par la fenêtre.

Notre jeune homme entre, il est content, bien content, il va au spectacle avec elle, enfin ils sont heureux. (Ceci n’est connu que du spectateur.)

Par un événement qui reste à inventer, cette jeune femme vient à apprendre que son amant se marie. Terreur ! effets dramatiques ; reproches, scènes attendrissantes, déchirantes. « Tu vas m’abandonner mon cher cœur, toi que j’aime.

– Non, jamais !

– Serait-il vrai ?

– Oui ! »

Mais de l’argent, où en prendre ?

ACTE TROIS

(La scène est chez la mère de la prétendue) On marie le jeune homme avec Mlle Joséphine. On danse (deuxième ballet), on joue, on rit. À minuit on cherche le marié : il a emporté les cent mille écus, fui avec la petite femme du second acte et laisse sa prétendue. On se tait ; mais la vengeance atteindra les coupables ; ils mangeront les cent mille écus et seront damnés.

Que faire, pères et mères, contre une semblable escroquerie ! comment s’en garantir ! C’est un coup de Jarnac. Ils sont rares mais cela tombe sur une famille comme une grêle.

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