II L’alimentation humaine et les échanges internationaux, d’après les débats de Hot Springs

I. – La première conférence des Nations Unies a réuni, du 18 mai au 3 juin 1943, à Hot Springs, en Virginie, les délégués de quarante-quatre nations, rassemblés sur l’invitation du Président Roosevelt. Elle avait pour mission d’examiner les possibilités d’une action internationale concertée, en ce qui concerne l’amélioration des régimes alimentaires, l’orientation de la production agricole, une meilleure distribution des produits de la terre entre les peuples et les hommes.

Nous ne saurions prétendre ici à faire le tour des problèmes traités ou abordés. Mais deux d’entre eux semblent, avant tout, devoir retenir l’attention de quiconque cherche à scruter ou préparer l’avenir. Ils touchent la politique de l’alimentation et la politique des échanges internationaux.

II. – S’inspirant des travaux de la S. D. N., parfois les précisant, la conférence a constaté une fois de plus l’existence, dans l’humanité actuelle, de vastes groupes en état de sous-nutrition permanente. Ce sont d’une part des peuples entiers, particulièrement en Asie ; de l’autre, parmi les nations de civilisation occidentale elles-mêmes, des groupes sociaux étendus. Plus nombreux encore sont, parmi nous, les groupes « vulnérables », victimes, trop fréquemment, de « malnutrition » : enfants, adolescents, femmes enceintes.

Le secours à porter aux peuples « sous-nourris » relève de la politique des échanges internationaux, dont il sera parlé dans un instant. Par contre, l’existence, à l’intérieur de chaque nation, de groupes en état de « sous-nutrition » ou de « malnutrition » pose le problème d’une politique nationale de l’alimentation. Cette politique peut se définir par diverses mesures ; mais elle suppose avant tout une organisation méthodique de la production et de la distribution des aliments ; par suite une adaptation de l’agriculture aux besoins réels des consommateurs plutôt qu’à leur pouvoir d’achat. Deux pays, qui sont entrés dans cette voie pendant la guerre, semblent décidés à y persévérer, après la victoire. Ce sont la Russie et – fait plus digne encore de remarque – la Grande-Bretagne. Or, il est presque superflu de faire observer qu’une pareille politique exige une large part de dirigisme dans l’économie et qu’elle sera probablement incompatible avec une liberté bien grande des échanges internationaux.

III. – Ainsi même le problème intérieur soulève déjà, au bout du compte, le problème international. Mais celui-ci a été directement abordé. Il a mis en lumière des oppositions d’une grande portée.

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