De même que pour les nombreux jugements portés en France sur Paul Verlaine, un choix s’impose dans les critiques des écrivains étrangers.
M. Byvanck, dans son ouvrage : Un Hollandais à Paris en 1891, a conté un entretien avec Verlaine : mais la fantaisie y domine.
Dans la National Review, M. Arthur Simons a écrit, en conclusion d’un remarquable article : « De la date des Romances sans paroles à celle des Liturgies intimes, chaque étape de « cette fièvre appelée la vie » a été enregistrée et caractérisée dans ses vers. Le vers s’est modifié comme se modifiait la vie elle-même, restant fidèle à ce tempérament étrange et contradictoire qui est le sien. Verlaine a fait quelque chose de nouveau du vers français, quelque chose de plus souple, de plus exquisement délicat et sensitif que ce que cette langue avait été jusqu’alors capable d’exprimer. Il a inventé cette espèce de poésie impressionniste – la nuance, la nuance encore ! – qui semble si subitement correspondre aux plus récentes tendances des autres arts : la peinture de Whistler, la musique de Wagner. Lui-même, pauvre être tout de passions et de sensations, ballotté çà et là par chaque souille de la brise, il a donné une voix à tous les vagues désirs, à toutes les impressions tumultueuses de cette créature faible et avide : l’homme moderne des villes. »
De l’autre côté du Rhin, le nom du poète, né sur une terre française devenue allemande alors qu’il avait vingt-sept ans, a été souvent prononcé, non sans froideur.
« Plusieurs études ont été consacrées par des Allemands à l’auteur de Sagesse. Karl Sachs a publié en 1892 son discours Sur les Décadents. À la même époque, paraît l’étude de Stéphane Wælzoldt intitulée Paul Verlaine, un poète de la décadence. Il existe des traductions de Verlaine, voire des imitations, celles, par exemple, de Dehmel. Enfin, il est souvent question de Paul Verlaine aux réunions des Néophilologues de Dresde. L’un de ces érudits, M. S., à qui le français paraît familier, a développé ces indications sans dissimuler son antipathie pour le poète français ; alors, pour montrer que les travaux de l’érudition allemande sont appréciés des revuïstes français plus chaleureusement que les poèmes verlainiens en Allemagne, un admirateur du poète a envoyé au journal où la discussion s’est engagée, une note dont voici le texte français : « Permettez-moi d’ajouter quelques mots à votre intéressante leçon sur Paul Verlaine né, il y a cinquante ans, à Metz. C’est au mois de juin 1890 que parut à Berlin la première étude complète sur ce poète – difficile à interpréter si on ne l’a pas vu ou entendu. – L’influence de son esthétique sur les lettres allemandes doit commencer vers 1886. Pour la constater, il suffirait de parcourir l’index des périodiques allemands qui signalent toutes les manifestations de la littérature française. L’étude en question a paru dans Die Gegenwart (l’Actualité), en juin 1890, sous la signature de M. Paul Rœmer. Les admirateurs de Verlaine reconnaissent qu’elle est très consciencieuse, très bienveillante, et qu’elle contient fort peu d’erreurs. Les revues littéraires les plus avancées ont déclaré qu’aucun chroniqueur parisien ne s’était jamais pénétré de son sujet comme le compréhensif étranger. Toutes les personnes au courant de la littérature moderne rendirent hommage au critique allemand qui, sans protections affichées ni démarches équivoques, s’était renseigné scrupuleusement avant d’aborder sa tâche épineuse. »
Jugend, de Munich, (N° de février 1896) a donné une analyse de l’œuvre de Verlaine, accompagnant plusieurs croquis intéressants de F. A. Cazals.
M. V. Brussof a publié à Moscou, en 1895, une traduction en russe des Romances sans paroles.
Dans Novy Zivol (La Vie nouvelle), à Machov (Autriche), en 1896, a été publiée une grande étude sur Paul Verlaine, avec traductions en vers, par Don Sigismond Bonska, fondateur de Katolicka Moderna (la Moderne Catholique) ; don S. Bonska prépare une Anthologie tchèque de Verlaine ; dans son livre poétique : Pietas, figure une Ode à Paul Verlaine, sur un portrait paru dans Jugend, revue de Munich (portrait par Cazals).
Les revues belges sont à citer toutes, qui ont publié des fragments du poète ou des études sur son œuvre.