À Monsieur le comte Jules de Rességuier, à Toulouse.

20 juillet 1822.

Vous devez bien m’en vouloir, cher ami, de n’avoir reçu que mon recueil, quand je vous promettais les vers ravissants de Michol, mais vous savez un peu comme est notre Alex. Soumet ; il fait d’admirable poésie et ne se doute pas que ses amis puissent en être avides. Maintenant il est à Passy et moi à Gentilly, il court sans cesse à cause des répétitions de sa Clytemnestre, la Muse seule sait où le trouver. Moi, je me lasse d’attendre pour vous écrire ces vers tant de fois promis, et je vous écris. Prenez donc cette lettre en patience, en attendant la prochaine qui vous apportera sans doute avec elle son absolution poétique. Votre ode charmante a vu le jour dans les Annales et j’ai été aussi confus de votre amitié que fier de votre talent.

Nos journalistes n’ont pas encore honoré d’un article mon pauvre recueil ; ils attendent, m’a-t-on dit, des visites, des sollicitations de louanges. Je ne puis croire qu’ils fassent cet affront à moi et à eux-mêmes. En attendant, le volume se vend bien, au delà de mes espérances, et j’espère songer avant peu à une nouvelle édition.

Adieu, mon excellent Jules, mon bien cher ami. Pardon de vous envoyer ainsi coup sur coup des vers et de la prose. Je voudrais bien être à même de ne rien vous envoyer, je vous embrasserais bien tendrement.

Victor.

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