Au général Hugo.

Ce 27 juin 1824.

Mon cher papa,

Malgré tous les efforts de M. Foucher et toute la bonne volonté du général de Coëtlosquet, nous n’avons pu réussir cette fois. Ta demande était arrivée trop tard ; et le duc d’Angoulême avait depuis quelque temps retenu les inspections générales pour des officiers généraux de l’armée d’Espagne. J’ignore, cher papa, si cet événement est un malheur réel ; ce n’est pas un échec pour tes vieux et glorieux services, puisqu’il est hors de doute que ta demande l’aurait emporté, s’il y eût eu concurrence ; mais les places étaient déjà promises au prince. Il me semble d’ailleurs que cela augmente tes chances pour la promotion de lieutenants-généraux à la Saint-Louis, et qu’avec l’appui de M. de Clermont-Tonnerre (je ne puis plus dire malheureusement : et de M. de Chateaubriand), il sera très possible à cette époque de te faire arriver à ce sommet des dignités militaires où tu devrais être depuis si longtemps parvenu.

Je crois que M. Foucher envisage la chose comme moi ; au reste, il va t’écrire.

Quant à moi, je griffonne à la hâte cette lettre ; mes yeux sont toujours bien faibles et notre emménagement n’est pas encore terminé. Mon Adèle qui se porte toujours bien va t’écrire et te répéter ainsi qu’à ta femme, l’expression de notre filial et respectueux dévoûment.

Victor.

Si mon illustre ami revient aux affaires, nos chances triplent. Nos rapports se sont beaucoup resserrés depuis sa disgrâce ; ils s’étaient fort relâchés pendant sa faveur.

Donne-nous donc vite de tes nouvelles.

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