À Édouard Thierry.

25 septembre 1843.

Nous voilà frappés tous les deux presque au même moment, vous dans votre père, moi dans ma fille. Que me diriez-vous et que pourrais-je vous dire ? Abaissons-nous sous la main qui brise. Pleurons ensemble. Espérons ensemble. La mort a des révélations ; les grands coups qui ouvrent le cœur ouvrent aussi l’esprit ; la lumière pénètre en nous en même temps que la douleur. Quant à moi, je crois ; j’attends une autre vie. Comment n’y croirais-je pas ? Ma fille était une âme ; cette âme, je l’ai vue, je l’ai touchée pour ainsi dire, elle est restée dix-huit ans près de moi, et j’ai encore le regard plein de son rayonnement ; dans ce monde même elle vivait visiblement de la vie supérieure. C’est donc de l’espérance que je vous apporte. Accueillez-la avec douceur. Vous savez que je suis votre ami. Votre ami accablé et cependant tourné vers Dieu. Je souffre comme vous, espérez comme moi.

Je vous serre cordialement la main.

V. H.

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