II

Même décor, mais la lampe est éteinte ; par les fenêtres et par les vitres de la porte on voit le jour d’un matin nuageux ; la mer est agitée. Le poste sur la batterie, comme au premier tableau. Le capitaine dort, étendu sur le divan. Kurt est assis près de lui ; il est pâle, fatigué par l’insomnie.

ALICE, entrant par la gauche.

Il dort ?

KURT.

Oui, depuis que le soleil est levé.

ALICE.

Comment s’est passée la nuit ?

KURT.

Il a dormi de temps à autre, mais il a beaucoup parlé.

ALICE.

De quoi ?

KURT.

Il a discuté religion comme un étudiant, mais avec la prétention d’avoir résolu l’énigme du monde. Finalement, vers l’aurore il a découvert l’immortalité de l’âme.

ALICE.

Et son honneur.

KURT.

Bien entendu ! C’est vraiment l’homme le plus orgueilleux que j’aie jamais rencontré. « J’existe, donc Dieu existe aussi. »

ALICE.

Tu t’en es aperçu ! Regarde ses bottes. Il aurait écrasé le monde sous leurs semelles, s’il avait osé. Avec elles il a marché sur les terres et les jardins des autres, avec elles il a marché sur les pieds d’autrui, et, à moi, sur la tête… Ours, te voilà abattu !

KURT.

Il serait comique, s’il n’était tragique, et il y a des traits de grandeur dans toutes ses petitesses. N’as-tu vraiment rien de bon à dire de lui ?

ALICE, s’asseyant.

Si, quand il n’entend pas, car quand on dit un mot encourageant, il est fou d’orgueil.

KURT.

Il n’entend rien, je lui ai donné de la morphine.

ALICE.

Élevé dans une famille pauvre avec de nombreux frères et sœurs, Edgar a dû de bonne heure aider sa famille en donnant des leçons, car son père était un paresseux, pour ne rien dire de pire. Il est dur, assurément, pour un jeune homme, d’avoir à renoncer à toutes les joies de la jeunesse, et de travailler comme un esclave pour une bande d’enfants qu’il n’a pas mis au monde. J’étais petite fille, quand je l’ai vu pour la première fois, tout jeune, sans pardessus, en hiver, par vingt-cinq degrés de froid… ses petites sœurs avaient des manteaux garnis de fourrure… il était bel homme, et je l’admirais, mais sa laideur m’inspirait une sorte d’effroi… N’est-ce pas qu’il est d’une laideur extraordinaire ?

KURT.

Oui, et sa laideur a parfois quelque chose de hideux. Chaque fois que nous étions mal ensemble, je l’ai particulièrement remarquée, et quand il était loin de moi, son image grandissait, prenait une forme et des proportions monstrueuses, et il me faisait, littéralement, l’effet d’un revenant.

ALICE.

Alors, pense à moi !… Les premiers temps de sa carrière d’officier ont été vraiment un martyre. Mais il reçut de temps à autre quelque secours de gens riches. Il n’a jamais voulu le reconnaître, et tout ce qu’il recevait, il le prenait comme un tribut qui lui était dû, sans jamais remercier.

KURT.

Nous avions l’intention de dire du bien de lui !

ALICE.

Parce qu’il est mort, oui… Aussi n’y pensé-je plus.

KURT.

L’as-tu trouvé méchant ?

ALICE.

Oui, et pourtant, il peut aussi bien être bon et sensible. Mais, comme ennemi, il est épouvantable.

KURT.

Pourquoi n’a-t-il pas été nommé major ?

ALICE.

Tu dois bien le comprendre. Ils n’ont pas voulu avoir au-dessus d’eux un homme qui, comme leur égal, était déjà un tyran. Mais il ne faut pas faire la moindre allusion au grade de major : il dit lui-même qu’il ne voulait pas passer major… A-t-il parlé des enfants ?

KURT.

Oui, il a demandé Judith.

ALICE.

Je m’en doutais. Oh, sais-tu qui est Judith ? Tout son portrait, et il l’a dressée contre moi. Songe un peu, ma propre fille… a levé la main sur moi.

KURT.

Non, cela, c’est trop !

ALICE.

Silence… il remue. S’il-nous avait entendus… Il est aussi perfide.

KURT.

Il se réveille pour de bon.

ALICE.

N’est-ce pas qu’il a l’air d’un génie malfaisant ? J’ai peur de lui. (Un silence.)

LE CAPITAINE remue, se réveille, se soulève et jette un regard autour de lui.

Il fait jour, enfin !

KURT.

Comment te sens-tu, maintenant !

LE CAPITAINE.

Mal.

KURT.

Veux-tu qu’on appelle un médecin ?

LE CAPITAINE.

Non… je veux voir Judith, ma fille.

KURT.

Tu ne crois pas qu’il serait à propos de mettre ordre à tes affaires, pour le cas où il arriverait quelque chose ?

LE CAPITAINE.

Que veux-tu dire ? Qu’est-ce qui pourrait arriver ?

KURT.

Ce qui peut arriver à tout le monde.

LE CAPITAINE.

Bah ! niaiserie. Je ne mourrai pas si facilement, vous pouvez m’en croire. Ne te réjouis pas à l’avance, Alice.

KURT.

Songe à tes enfants. Fais ton testament, pour que ta femme puisse, au moins, conserver le mobilier.

LE CAPITAINE.

Faut-il qu’elle hérite de moi de mon vivant ?

KURT.

Non, mais s’il arrive quelque chose, il ne faut pas qu’elle soit jetée à la rue. Celle qui a, pendant vingt-cinq ans, entretenu, épousseté et rangé ces meubles, doit avoir le droit de les conserver. Puis-je faire venir le notaire ?

LE CAPITAINE.

Non.

KURT.

Tu es un homme cruel, plus cruel que je n’aurais cru.

LE CAPITAINE retombe sans connaissance sur son lit.

Ah ! Voilà que mon mal me reprend.

ALICE, sortant par la droite.

Il y a quelqu’un à la cuisine, il faut que j’y aille.

KURT.

Vas-y : il n’y a pas grand’chose à faire ici. (Alice sort.)

LE CAPITAINE, revenant à lui.

Eh bien, Kurt, comment comptes-tu organiser ta quarantaine ici ?

KURT.

Nous avons le temps d’y songer.

LE CAPITAINE.

Non : c’est moi qui commande ici dans l’île, et tu dépends de moi : ne l’oublie pas.

KURT.

As-tu jamais vu un lazaret ?

LE CAPITAINE.

Si j’en ai vu ? Avant que tu ne sois né. Et je vais te donner un conseil : n’installe pas l’étuve à désinfection trop près du rivage.

KURT.

Je croyais précisément devoir chercher la proximité de l’eau.

LE CAPITAINE.

Voilà qui prouve comme tu comprends bien ton affaire ! L’eau est l’élément des bacilles, leur élément vital.

KURT.

Mais l’eau salée est nécessaire pour entraîner toutes les impuretés.

LE CAPITAINE.

Idiot !… Enfin, quand tu auras trouvé une habitation, feras-tu venir tes enfants ?

KURT.

Crois-tu qu’on me permettra de les garder avec moi ?

LE CAPITAINE.

Naturellement, si tu es homme à les reprendre. Cela ferait bonne impression sur les gens d’ici, si l’on te voyait fidèle à ton devoir sur le point…

KURT.

J’ai toujours rempli mon devoir ponctuellement.

LE CAPITAINE, élevant la voix.

Sur le point… qui est ton point faible.

KURT.

Est-ce que je ne t’ai pas dit…

LE CAPITAINE, continuant.

Car on n’abandonne pas ses enfants de cette manière-là…

KURT.

Continue donc.

LE CAPITAINE.

En ma qualité de parent, et de parent plus âgé, je me sens un certain droit de te dire la vérité, si pénible qu’elle puisse être… et tu ne dois pas le prendre mal.

KURT.

As-tu faim ?

LE CAPITAINE.

Oui, j’ai faim.

KURT.

Veux-tu manger quelque chose de léger ?

LE CAPITAINE.

Non, quelque chose de solide.

KURT.

Alors tu es perdu.

LE CAPITAINE.

Il ne suffit donc pas qu’on soit malade, il faut encore crever de faim ?

KURT.

C’est l’ordonnance du docteur.

LE CAPITAINE.

Et ne pas boire, et ne pas fumer ! Alors, ce n’est plus la peine, de vivre.

KURT.

La mort demande des sacrifices, sinon elle arrive immédiatement.

ALICE entre avec des bouquets de fleurs, des lettres et des télégrammes.

Tiens, voilà pour toi. (Elle jette les fleurs sur le bureau.)

LE CAPITAINE, flatté.

Pour moi ?… Puis-je voir ?

ALICE.

Oui, cela vient tout simplement des sous-officiers, des musiciens et des agents de police.

LE CAPITAINE.

Tu es jalouse !

ALICE.

Si c’étaient des couronnes de laurier, ce serait autre chose, mais tu n’en recevras jamais.

LE CAPITAINE.

Hein ! Voici un télégramme du colonel… lis-le, Kurt. Le colonel est en tout cas un gentleman, encore qu’il soit légèrement idiot… Ceci, c’est de… qu’est-ce que c’est ! C’est de Judith… Aie la bonté de lui télégraphier de venir par le premier bateau : ici… oui. On n’est en tout cas pas sans amis, et c’est bien de penser à un malade, qui est un homme de mérite, au-dessus de sa situation, et sans peur ni reproche.

ALICE.

Je ne comprends pas : sont-ce des félicitations parce que tu es malade ?

LE CAPITAINE.

Hyène !

ALICE, à Kurt.

Oui, nous avions un médecin, qui était tellement détesté que, quand il a quitté l’île, on a donné un banquet, après son départ, pas en son honneur.

LE CAPITAINE.

Mets les fleurs dans des vases… Je ne suis pas crédule, et les hommes sont un tas de canailles, mais ce simple hommage est sincère devant Dieu… il ne peut pas ne pas être sincère.

ALICE.

Imbécile !

KURT, lisant un télégramme.

Judith dit qu’elle ne peut venir, parce que le vapeur ne traverse pas, à cause de la tempête.

LE CAPITAINE.

Et c’est tout ?

KURT.

Non. Il y a encore un post-scriptum.

LE CAPITAINE.

Lis-le.

KURT.

Eh bien, elle prie son papa de ne pas tant boire.

LE CAPITAINE.

Oh ! Elle n’a pas honte !… Voilà les enfants ! C’est ma fille unique, ma bien-aimée, ma Judith, mon idole !

ALICE.

Un autre toi-même.

LE CAPITAINE.

Voilà la vie et ses meilleures joies ! Fi donc !

ALICE.

Tu récoltes ce que tu as semé. Tu l’as dressée contre sa mère, maintenant elle s’élève contre son père. Dis encore qu’il n’y a pas de Dieu !

LE CAPITAINE, à Kurt.

Que dit le colonel ?

KURT.

Il accorde le congé, sans plus.

LE CAPITAINE.

Le congé ? Je n’en ai pas demandé.

ALICE.

Non, mais moi je l’ai demandé.

LE CAPITAINE.

Je ne l’accepte pas.

ALICE.

Les dispositions sont déjà prises.

LE CAPITAINE.

Cela m’est bien égal.

ALICE.

Tu vois, Kurt, pour cet homme il n’y a pas de lois, pas de règlements, aucun ordre humain n’existe… il est au-dessus de tout et de tous ; l’univers a été créé pour son usage particulier, le soleil et la lune n’accomplissent leur révolution que pour porter sa louange aux étoiles. Voilà mon mari ! Ce capitaine insignifiant qui n’a même pas pu devenir major, dont tout le monde tourne la présomption en ridicule, tandis qu’il se figure être craint, ce drôle, qui a peur dans l’obscurité et qui croit au baromètre !… et pour finir : une brouette de fumier, qui ne sera même pas de première qualité.

LE CAPITAINE s’évente complaisamment avec un bouquet, sans écouter Alice.

As-tu invité Kurt à déjeuner ?

ALICE.

Non.

LE CAPITAINE.

Alors, fais-nous immédiatement deux chateaubriands soignés.

ALICE.

Deux ?

LE CAPITAINE.

J’en veux un aussi.

ALICE.

Mais nous sommes trois.

LE CAPITAINE.

Tu en veux un aussi ? Alors, prends-en trois.

ALICE.

Où veux-tu que je les prenne ? Hier tu as invité Kurt à souper et il n’y avait pas une miette de pain à la maison ; Kurt a dû veiller toute la nuit l’estomac vide, et il n’a pas eu de café ce matin, parce qu’il n’y en a pas et que notre crédit est épuisé.

LE CAPITAINE.

Elle m’en veut de ne pas être mort hier.

ALICE.

Non, de n’être pas mort il y a vingt-cinq ans, de n’être, pas mort avant ma naissance !

LE CAPITAINE, à Kurt.

Écoute-la. Voilà le résultat, quand tu arranges un mariage, mon cher Kurt. Elle n’a pas été créée au ciel, c’est certain. (Kurt et Alice se regardent. Il se lève et va à la porte.) D’ailleurs, dites ce que vous voudrez : je vais faire mon service. (Il met son casque démodé, boucle son ceinturon avec son sabre et met son manteau.) Si l’on me demande on me trouvera à la batterie. (Kurt et Alice cherchent à le retenir, mais en vain.) Allons ! (Il sort vivement.)

ALICE.

Oui, va ! Tu t’en vas toujours et tu tournes le dos quand tu as le dessous dans une querelle, et tu laisses ta femme couvrir la retraite, ivrogne, beau parleur, menteur ! Honte sur toi !

KURT.

C’est prodigieux !

ALICE.

Et tu ne sais pas encore tout !

KURT.

Il y a encore autre chose ?

ALICE.

Mais j’ai honte…

KURT.

Où va-t-il maintenant ? Et où prend-il la force ?

ALICE.

Oui, c’est là la question. Il va trouver les officiers en bas, les remercier pour les fleurs… puis il va manger et boire avec eux. Et puis il calomniera le corps d’officiers… si tu savais combien de fois on l’a menacé de le casser ! C’est uniquement la pitié qu’inspire sa famille qui l’a sauvé. Et il s’imagine que c’est la crainte de sa supériorité. Et les malheureuses femmes d’officiers qui ont dit un mot en notre faveur, il les hait et les calomnie.

KURT.

Je dois avouer que je suis venu ici pour trouver la paix au bord de la mer… et je ne savais rien de vos rapports…

ALICE.

Malheureux Kurt… comment auras-tu quelque chose à manger ?

KURT.

Oh ! j’irai chez le docteur, mais toi ? Permets-moi de régler cela pour vous.

ALICE.

Pourvu qu’il ne l’apprenne pas, car alors il me tuerait.

KURT, regardant par la fenêtre.

Regarde : il se tient là dehors, dans le vent, sur le rempart.

ALICE.

Quel dommage pour lui… qu’il soit ce qu’il est !

KURT.

C’est dommage pour vous deux, mais qu’y faire ?

ALICE.

Je ne sais pas… il est venu aussi un tas de notes, il ne s’en est pas aperçu.

KURT.

C’est souvent un bonheur de ne pas voir les choses.

ALICE, à la fenêtre.

Il a ouvert non manteau et laisse le vent lui fouetter la poitrine. Il veut mourir.

KURT.

Je ne crois pas. Car tout à l’heure, quand il sentait la vie lui échapper, il se cramponnait solidement à moi, se mettait à fouiller dans mes affaires, comme s’il voulait pénétrer en moi et vivre ma vie.

ALICE.

C’est bien sa nature de vampire : intervenir dans la destinée d’autrui, prendre intérêt à l’existence des autres, décider et ordonner pour les autres, puisque sa propre existence n’a aucun intérêt pour lui. Et fais bien attention, Kurt : ne le laisse jamais s’immiscer dans ta vie de famille, ne lui laisse pas connaître tes amis, car il te les enlèvera et en fera les siens… C’est un véritable enchanteur sous ce rapport… S’il rencontrait tes enfants, tu les verrais bientôt devenir ses intimes, il les dominerait, les élèverait à son idée, et, avant tout, contrairement à tes désirs.

KURT.

Alice, est-ce que ce n’est pas lui qui m’a pris mes enfants, jadis, quand je me suis séparé de ma femme ?

ALICE.

Maintenant que c’est passé… eh bien ! oui, c’est lui.

KURT.

Je l’ai soupçonné, mais je n’en étais pas sûr… Ainsi, c’était lui.

ALICE.

Quand, en toute confiance, tu t’es adressé à mon mari comme courtier de paix entre ta femme et toi, il s’est mis à flirter avec elle et lui a appris le procédé pour se faire confier la garde de ses enfants.

KURT.

Ah Dieu… Dieu du ciel !

ALICE.

Voilà un nouveau côté de son caractère. (Un silence.)

KURT.

Tu ne sais pas que, cette nuit… quand il se croyait sur le point de mourir… il m’a arraché la promesse de penser à ses enfants.

ALICE.

Tu ne vas pourtant pas te venger sur mes enfants ?

KURT.

Tout en tenant ma promesse… Oui, je penserai à vos enfants.

ALICE.

C’est vraiment la pire vengeance que tu puisses tirer de lui, car il n’y a rien dont il ait horreur comme de la générosité.

KURT.

Je peux donc me tenir pour vengé, sans me venger.

ALICE.

J’aime la vengeance considérée comme une forme de la justice et je brûle de voir comment la méchanceté recevra son châtiment.

KURT.

Tu en es encore là ?

ALICE.

J’en serai toujours là, et le jour où je pardonnerai à un ennemi, ou bien où je l’aimerai, je serai une hypocrite.

KURT.

Alice, ce peut être un devoir de ne pas tout dire, de ne pas tout voir. C’est ce qu’on appelle l’indulgence, et nous en avons tous besoin.

ALICE.

Pas moi. Ma vie est nette et claire et j’ai toujours joué cartes sur table.

KURT.

C’est beaucoup dire.

ALICE.

Non, ce n’est pas assez dire. Car ce que j’ai souffert, sans l’avoir mérité, pour cet homme que je n’ai jamais aimé…

KURT.

Pourquoi t’es-tu mariée ?

ALICE.

Oui, pourquoi ? Parce qu’il m’a prise… parce qu’il m’a séduite. Je ne sais pas. Et puis je voulais m’élever, atteindre au sommet de l’échelle…

KURT.

Et tu as renoncé à ton art…

ALICE.

Qu’on méprisait. Mais, sais-tu, il m’a trompée. Il a fait miroiter à mes yeux une douce existence, un joli intérieur. Et je n’ai trouvé que des dettes… le seul or que j’ai vu, c’est sur son uniforme, et encore ce n’était pas de l’or véritable. Il m’a trompée.

KURT.

Attends. Quand un jeune homme s’éprend d’une femme, il regarde l’avenir avec espérance… si ses espérances ne se réalisent pas toujours, il faut le lui pardonner. J’ai la même tromperie sur la conscience, sans me considérer comme un trompeur… Qu’est-ce que tu regardes là, dehors, sur le rempart ?

ALICE.

Je regarde s’il est tombé ?

KURT.

Et il est tombé ?

ALICE.

Non… malheureusement non. Il trompe toujours mon attente.

KURT.

Alors je vais chez le docteur et chez le juge du district.

ALICE, s’asseyant près de la fenêtre.

Va, mon cher Kurt. Je m’assieds ici et je t’attends. Et j’ai appris à attendre.

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