III

Il n’en sera pas de même dans la période où nous allons entrer. Pourtant Biélinsky a dit, dans ses études sur le dix-huitième siècle : « Notre littérature commence en 1739, à l’apparition de la première ode de Lomonosof. » C’est le : « Enfin Malherbe vint... » de Despréaux. Ce jugement est fondé, si l’on entend par littérature, au sens restreint du mot, la pratique professionnelle d’un art cultivé pour lui-même et suivant certaines règles. Dans l’édifice reconstruit de toutes pièces par le charpentier de Saardam, l’écrivain devient un serviteur de l’État, un mandarin qui a sa tâche et son tchine comme les autres, soldats, administrateurs, magistrats ; comme ceux-ci, il va tout rapprendre à l’école de l’Occident. Toujours en retard, la Russie fait au dix-huitième siècle ce que nous avons fait au seizième. Elle crée lentement sa langue littéraire ; jusqu’alors le vieux slavon d’Église était seul en usage dans les livres ; on le déroidit, on le sécularise, on le soude au langage populaire, élevé à la dignité du « style soutenu » ; dans cette combinaison des deux idiomes, on fond les termes étrangers ; ils affluent de partout avec les innovations empruntées au dehors. Comme la langue, la pensée sort de l’Église, elle aborde la science et la poésie mondaines, définitivement séparées des choses de la foi ; elle va chercher ses modèles dans l’antiquité classique et chez des peuples plus avancés. On le voit, c’est le travail de Rabelais, d’Amyot, de Ronsard, poursuivi avec infiniment moins d’énergie et de bonheur. Ce qui fut chez nous travail national, résultat d’une révolution intellectuelle déjà mûre dans les esprits, ne fut en Russie que l’effet d’une volonté unique, l’œuvre artificielle d’un homme qui sonnait la diane avant l’heure à des gens endormis. On ne crée pas une littérature comme une armée ou un code, d’en haut et par ukase. Imaginez la Renaissance décrétée par Philippe le Bel ; voilà ce qu’on tenta en Russie, voilà pourquoi le succès fut si chétif.

Un autre trait de ressemblance, commun à toutes ces époques de rénovation, c’est l’union du savant et du lettré chez les ouvriers de la pensée. Tout est à fonder dans un champ encore étroit ; les pionniers qui s’y aventurent doivent tout savoir, ils sont à la fois physiciens, géomètres, grammairiens, poëtes. Pierre a institué une Académie des sciences à Pétersbourg ; c’est à elle que viennent ressortir toutes les choses de l’esprit. De par la volonté du fondateur, les académiciens seront les sergents-instructeurs de son peuple pour toutes les disciplines intellectuelles. On les envoie d’abord s’instruire eux-mêmes à l’étranger. Il en est ainsi durant un siècle ; ce haut professorat absorbe et hiérarchise les talents pour un service d’utilité publique.

Le plus mémorable de ces initiateurs fut Lomonosof. Fils d’un pêcheur de la mer Blanche, enfant de peuple et de misère, à force de volonté, ce petit mendiant de savoir fait son intelligence, puis sa situation. Il marque dans une école, l’État le prend ; on l’adjoint à une de ces bandes d’étudiants qu’on expédie en Allemagne, sauf à les y laisser vivre d’aumônes dans les Universités. Revenu à Pétersbourg, il retrouve ses maîtres allemands installés dans l’Académie, qu’ils tiennent à fief ; il lutte contre eux, entre dans la place, et y fait enfin triompher l’élément russe ; le premier, dans ses odes, il assujettit le vers à un mètre raisonné ; enfin il lègue à son pays le poëme épique de rigueur, la Pétriade. Que reste-t-il de tout cela ? Rien qu’un nom justement vénéré. Durant ces périodes de préparation, les hommes les mieux doués sont comme des architectes condamnés au travail ingrat des fondations ; leur génie demeure enfoui sous terre ; pour être équitable envers eux, il faut se souvenir que le monument élevé par de plus heureux porte tout entier sur les travaux de ce génie sacrifié.

Il semblerait que le règne de Catherine II eût dû ajouter la gloire littéraire à toutes les autres. Cette femme extraordinaire stimula les goûts délicats dans la petite élite dont elle était l’âme ; elle-même brochait des comédies pour son théâtre de l’Ermitage et des traités d’éducation pour ses petits-enfants, tandis que son amie la princesse Dachkof présidait les séances de l’Académie. L’Impératrice eût voulu montrer à ses illustres courtisans du dehors, les philosophes français, des rivaux dignes de se mesurer avec eux ; elle ne put qu’en imposer à Voltaire en lui vantant les pâles imitateurs de ses œuvres. Le fond était trop pauvre.

Chéraskof rime la Rossiade, une épopée suivant les recettes classiques. Soumarokof fournit la Cour de tragédies ; ses contemporains l’avaient surnommé le Racine russe ; ils auraient dit plus exactement : le Campistron. Von Vizine mérite davantage de survivre ; on relit encore sans ennui ses deux comédies, le Brigadier et le Mineur : l’intrigue est faible, le trait grossier et trop appuyé pour notre goût, mais il y a de la saveur dans ce fruit vert, une curieuse satire des mœurs du temps, une verve âpre et franche, et, comme on dit aujourd’hui, un tempérament.

Le nom de Derjavine domine cette époque et éclipse tous les autres. Les Russes placent très-haut le « Chantre de Catherine », le Pindare officiel qui façonna leur langue à la poésie lyrique ; je crois qu’on donne toujours cette appellation de courtoisie aux productions des Jean-Baptiste Rousseau et des Lefranc de Pompignan. Derjavine ne fut ni pire ni meilleur que ses modèles français ; il atteignit comme eux cet enthousiasme correct qu’on peut trouver en s’échauffant à son bureau, à l’heure où l’on fait habituellement son ode. Le bénéfice du genre, c’est qu’il amène fréquemment à paraphraser les psaumes ; un habile ouvrier donne l’illusion de la grandeur, quand il est porté par cette poésie souveraine. Derjavine eut la bonne fortune de vivre très-vieux et d’être bien en cour sous plusieurs règnes ; avénements, victoires, anniversaires, tous les sujets de dithyrambes qui caressaient l’orgueil national lui revinrent de droit. C’est la gloire de la vieille Russie et la grande mémoire de Catherine qu’on respecte dans son œuvre, plus que la rhétorique ampoulée de ses vers. Pouchkine ne s’y trompait pas ; alors que sa génération s’inclinait encore devant l’idole, il écrivait à son ami Delvig : « Ce phénomène n’a connu ni la grammaire ni l’esprit de notre langue, et voilà en quoi il est inférieur à Lomonosof... Quand avec le temps on traduira Derjavine, l’Europe sera stupéfaite, et par fierté nationale, nous n’oserons pas dire tout ce que nous pensons de lui... Il faudrait conserver huit odes et quelques fragments de Derjavine, puis brûler le reste. »

On peut rattacher à cette période le fabuliste Krylof, bien qu’il ait vécu fort avant dans notre siècle. Celui-ci imita la Fontaine, dans le genre littéraire où il est le plus difficile d’être original. La fable est une vieille monnaie, usée à force d’échanges, refrappée dans chaque pays, mais jamais refondue. Krylof eut le talent de lui donner une apparence vraiment russe, une bonhomie rude et populaire, différente de la douce bonhomie du modèle.

Citerai-je encore d’autres noms, célèbres il y a cent ans ? Ce serait accorder bien du temps à des exercices de collége. Littérature artificielle, qui se traîne sur des idées banales et fanées, à l’heure où le monde est en travail d’idées nouvelles. De leur communication intime avec les écrivains français du dix-huitième siècle, les disciples russes ont retenu surtout les petits vers, la tragédie, la défroque mythologique et les grâces flétries. Ils nous prennent la perruque et presque rien du cerveau. On dirait que ces amis de Voltaire, de Montesquieu et de Diderot n’ont lu que Chompré, Crébillon ou Chaulieu. Catherine réservait la philosophie pour sa correspondance avec les étrangers ; en Russie, elle maintenait ses poëtes domestiques sur un terrain moins dangereux. À lire la prose et les vers qu’ils déclamaient à l’Ermitage, on croit entendre de beaux esprits, réunis pour un jeu de société qui les distrait de leurs véritables affaires. C’est de peu d’intérêt.

Il faut arriver à Karamsine pour trouver du moins un courant nouveau dans l’imitation. Enthousiaste de Jean-Jacques, ce gentilhomme rapporte de ses voyages en France le condiment littéraire à la mode, la « sensibilité. » Poëte, critique, économiste, romancier, historien, il prend le gouvernement des lettres à la fin du dix-huitième siècle et au début du nôtre, durant les dernières années de Catherine et les premières d’Alexandre. Il est l’anneau intermédiaire entre les classiques et les romantiques, à la fois le Rousseau et le Chateaubriand de son pays. Son nom demeure surtout attaché à la grande Histoire de Russie qui absorba la seconde moitié de sa carrière. Elle a vieilli par la forme, une narration oratoire trop tendue, et par le fond : l’historien réduit arbitrairement toute la vie nationale aux développements du grand-duché de Moscovie ; son patriotisme l’égare, il ennoblit dans des tableaux flatteurs le plus cruel despotisme qui ait pesé sur un peuple chrétien ; les documents mis au jour depuis l’époque où écrivait Karamsine détruisent ses assertions sur bien des points. Mais cette histoire a le plus incontestable des mérites, celui d’être la première, la seule où l’on ait pu s’instruire jusqu’à ces derniers vingt ans, jusqu’à ce que M. Solovief eut publié sa laborieuse compilation. Encore est-ce affaire aux érudits de préférer dans celle-ci un amas consciencieux et indigeste de citations, amoncelées sans souci de l’ordonnance ni du style ; ceux qui cherchent dans l’histoire un art autant qu’un enseignement peuvent soutenir que jusqu’à ce jour Karamsine n’a pas rencontré de rival.

Il ne dut point d’abord sa renommée à ce grand ouvrage ; elle lui vint de quelques petits romans du genre sentimental, d’un surtout, La pauvre Lise. C’est le cas d’Atala, entraînant dans sa fortune le Génie du Christianisme. La comparaison est d’autant plus de mise, qu’au même moment et par des causes semblables, les deux opuscules révolutionnaient de même Pétersbourg et Paris. On sera peut-être curieux de savoir ce qui fit tant pleurer les grand’mères des lecteurs du roman réaliste. Voici la fable en deux mots. La « tendre et sensible Lise, une villageoise belle d’âme et de corps », fait impression sur le cœur d’Éraste, riche gentilhomme ; « ce cœur lui avait été donné bon par la nature, mais il était faible et inconstant ». Au sein de l’idylle champêtre, Éraste « se reporte par la pensée à ces temps où les humains erraient sans soucis dans les prairies, se baignaient dans les pures fontaines, s’embrassaient comme les colombes et reposaient dans une heureuse oisiveté sous les roses et les myrtes ». Éraste a oublié les préjugés de sa caste » et promet à Lise d’être son époux ; mais il devance le moment dans l’une de ces minutes « où l’ombre du soir nourrit les désirs et où aucun rayon n’éclaire les erreurs ». Trompée, la pauvre Lise renonce à la vie, elle se noie dans un étang, « sous les antiques ombrages naguère témoins de ses transports ». On imagine assez les développements du thème ; ce qu’on ne peut imaginer, c’est la fureur d’attendrissement et d’admiration qui accueillit cette historiette. Comme Atala, la pauvre Lise inspira tous les artistes, depuis les peintres jusqu’aux porcelainiers. Les pièces d’eau reçurent son nom, dans les parcs des gens sensibles ; que de flaques d’eau saumâtre j’ai encore vues, au fond des campagnes russes, qui gardaient ce baptême de quelque aïeule ! Sourions, mais pas trop ; demain peut-être on retrouvera des larmes pour des livres semblables ; tant les modes littéraires tournent dans un cercle fermé !

Je prends encore quelques lignes au hasard dans un essai de Karamsine sur les sciences : « Les fleurs des Grâces embellissent toutes les conditions ; le laboureur instruit s’assied après son travail sur les tendres gazons, avec son aimable compagne, et il n’envie pas la félicité du plus luxueux satrape. »

Maintenant, rapprochez ce passage, dans une lettre de l’historien à son frère : « Il n’y a plus moyen d’acheter un bon cuisinier ; on ne vend que des ivrognes et des voleurs de la dernière catégorie. »

Entendez-vous l’ours dans la bergerie ? Toute la Russie d’alors tient dans ces deux citations, avec ses moujiks déguisés en villageois de Florian, sa barbarie native sous un vernis d’élégance empruntée.

Cependant, par le travail successif de tous ces écrivains secondaires, la langue se fait. C’est là leur véritable service, leur meilleure contribution au progrès intellectuel du pays. Karamsine s’en est acquitté pour la prose, comme Derjavine pour le vers ; en moins de cent ans, l’idiome littéraire a été créé ; il n’attend plus que d’être manié par Pouchkine pour fournir l’un des plus puissants instruments dont une littérature ait jamais disposé. — Est-ce à dire que rien dans cette période n’ait décelé les inclinations propres du génie russe, préparé ses évolutions futures ? J’y trouve deux symptômes qui méritent notre attention : un premier soubresaut de réaction nationale, une violente poussée de mysticisme.

Ce même Karamsine joua un rôle politique bien différent de son rôle littéraire. Par une contradiction fréquente chez ses compatriotes, le lettré qui copie Rousseau est en politique un Vieux-Russe intransigeant. C’est avec des arguments tirés de Montesquieu qu’il combat les velléités libérales d’Alexandre. Opposé à l’émancipation des serfs, déjà agitée dans les conseils de l’Empereur, il se fait le champion de ce système qu’on pourrait appeler le moscovitisme, qui se nommera quarante ans plus tard le slavophilisme. Alors comme aujourd’hui, le cri des conservateurs, demandant qu’on se repliât sur le passé, partait de Moscou, où résidait l’historiographe de l’Empire. Karamsine lutte contre Spéransky, le ministre novateur et constitutionnel ; au moment où celui-ci est ébranlé, en 1811, son adversaire adresse au souverain un mémoire fameux, De l’Ancienne et de la Nouvelle Russie, qui retourne l’humeur mobile d’Alexandre et porte le coup de grâce à Spéransky. On devance, dit l’auteur, les besoins de la Russie, « où il n’y a peut-être pas actuellement cent personnes sachant l’orthographe ». Il faut revenir aux traditions nationales et rompre avec les idées importées d’Occident. Aucun Russe ne comprendra les fictions constitutionnelles, la limitation du pouvoir autocratique. L’autocrate puise sa sagesse en lui-même et dans l’amour de son peuple, conclut le mémoire.

De nos jours, M. Aksakof ne parlera pas autrement ; toutes les revendications futures de l’école moscovite sont contenues en germe dans l’Ancienne et la Nouvelle Russie ; Karamsine est l’ancêtre direct des slavophiles, du parti qui tiendra pour non avenues les réformes de Pierre le Grand, qui se proposera pour idéal la reconstitution d’une Russie autochthone, en dehors du mouvement européen. Comme ce programme politique deviendra avec le temps un programme littéraire, il importait d’en marquer la première apparition.

J’en dirai autant pour le mysticisme, cet élément essentiel de l’esprit russe, qui fait explosion sous le couvert de la franc-maçonnerie. Durant le règne de Catherine, les doctrines des théosophes, apportées de Suède et d’Allemagne, s’infiltrent en Russie ; avidement accueillies par le petit cercle de littérateurs et de gens du monde que dirige Novikof, ces idées troubles prennent corps dans l’affiliation maçonnique. Les loges se multiplient à Pétersbourg et à Moscou ; Novikof fonde la « Société amicale », un cénacle où passent la plupart des écrivains et des hommes d’État destinés à marquer sous Alexandre ; Karamsine en était. Ces jeunes gens traduisent et répandent dans les écoles les ouvrages de philosophie piétiste qui foisonnent à ce moment en Europe. La Révolution française éclate ; Catherine s’effraye des progrès de l’illuminisme, elle fait fermer les loges, saisir les livres suspects ; le mouvement est enrayé en 1792 par le procès et la condamnation de Novikof.

Il reprend avec plus de force sous le règne d’Alexandre, encouragé cette fois par le souverain. On sait quel attrait ressentait l’ami de madame de Krudener pour tout ce qui confinait au mysticisme ; on sait moins que cet engouement fut commun à toute la Russie intelligente de ce temps. Il n’y avait de faveur que pour les sociétés bibliques, les martinistes, les rose-croix, les swedenborgiens. Les plus vigoureuses intelligences cèdent à la contagion ; Spéransky, le ministre réformateur, l’auteur du Code, le Russe qui eut le plus de génie après Pierre le Grand, Spéransky se console dans son exil en lisant Saint-Martin et Swedenborg ; il écrit à Zeier pour lui recommander « la contemplation mystique en fixant un point, plutôt le nombril ». L’état d’esprit des hautes classes est fidèlement dépeint dans le roman historique de Léon Tolstoï, Guerre et Paix ; en la personne de Pierre Bézouchof. Voyez le chapitre où est racontée l’initiation de Pierre à la franc-maçonnerie.

Sans doute cet état d’esprit n’est pas spécial au pays qui nous occupe : toute l’Europe de la fin du dix-huitième siècle en fut obscurcie, comme d’un brouillard avant l’orage ; mais il trouva son terrain d’élection en Russie, dans une société déjà détachée de l’orthodoxie, possédée du besoin de croire à côté, profondément remuée par le grand effort de 1812, ne sachant plus que faire des forces secrètes déchaînées en elle. Chez un Novikof, un Spéransky, le mysticisme est la protestation confuse de l’âme contre la philosophie négative des encyclopédistes, contre l’envahissement du rationalisme : nous retrouverons chez nos contemporains un Tolstoï, un Dostoïevsky, cette même protestation opposée de nouveau à la dureté des sciences positives. Sous ce rapport comme sous bien d’autres, le règne d’Alexandre Ier offrirait le sujet d’une curieuse étude, encore à tenter : c’est le point de formation de tous les grands courants qui agitent la Russie actuelle, après avoir disparu et cheminé sous terre pendant la compression de Nicolas. Inoffensives au début, les loges maçonniques n’avaient été que des laboratoires d’alchimie religieuse ; insensiblement, elles s’entr’ouvrirent à la politique, elles fournirent après 1815 les cadres d’une société célèbre, calquée sur le Tugendbund allemand, « l’Alliance de la Bienfaisance ». De là sortit la conspiration libérale des décembristes, écrasée en 1825. La crainte de nos idées révolutionnaires et les cruels souvenirs de 1812 déterminèrent un brusque changement dans l’orientation de la Russie ; un éloignement momentané succéda à la docilité qu’elle témoignait jusqu’alors aux influences françaises. L’Allemagne, l’alliée avec qui l’on avait combattu pour la délivrance commune, hérita de notre magistère. Ce revirement devait être d’une grande conséquence pour la littérature. Pendant tout le dix-huitième siècle, nous avions dressé l’esprit russe à l’imitation classique ; il s’en détourne en même temps que de nous ; les Allemands vont l’instruire au romantisme.

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