Méditation IV De la femme vertueuse

La question n’est peut-être pas tant de savoir combien il y a de femmes vertueuses que si une femme honnête peut rester vertueuse.

Pour mieux éclairer un point aussi important, jetons un rapide coup d’œil sur la population masculine ?

De nos quinze millions d’hommes, retranchons d’abord les neuf millions de Bimanes à trente-deux vertèbres, et n’admettons à notre analyse physiologique que six millions de sujets. Les Marceau, les Masséna, les Rousseau, les Diderot et les Rollin germent souvent tout à coup du sein de ce marc social en fermentation ; mais ici, nous commettrons à dessein des inexactitudes. Ces erreurs de calcul retomberont de tout leur poids à la conclusion, et corroboreront les terribles résultats que va nous dévoiler le mécanisme des passions publiques.

De six millions d’hommes privilégiés, nous ôterons trois millions de vieillards et d’enfants.

Cette soustraction, dira-t-on, a produit quatre millions chez les femmes.

Cette différence peut, au premier aspect, sembler singulière, mais elle est facile à justifier.

L’âge moyen auquel les femmes sont mariées est vingt ans, et à quarante elles cessent d’appartenir à l’amour.

Or un jeune garçon de dix-sept ans donne de fiers coups de canif dans les parchemins des contrats, et particulièrement dans les plus anciens, disent les chroniques scandaleuses.

Or un homme de cinquante-deux ans est plus redoutable à cet âge qu’à tout autre. C’est à cette belle époque de la vie qu’il use, et d’une expérience chèrement acquise, et de toute la fortune qu’il doit avoir. Les passions sous le fléau desquelles il tourne étant les dernières, il est impitoyable et fort comme l’homme entraîné par le courant, qui saisit une verte et flexible branche de saule, jeune pousse de l’année.

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