Chapitre IV

La journée fut paisible. Les radiotélégrammes annonçaient la fin de l’agitation sur toute la planète, sauf dans les États méridionaux de la République Argentine, en Tasmanie et dans la Nouvelle-Zélande où pourtant s’accusait une défervescence appréciable. À mesure, des inquiétudes nouvelles ne cessaient de croître. Elles n’atteignaient guère encore les sous-sols populaires, mais vivement disséminées par les hommes de culture supérieure, elles effleuraient les couches moyennes. Les savants suivaient avec une anxiété ardente « le mal de la lumière ». Des expérimentateurs avaient surpris la singularité primitivement notée par Meyral. Sans ajouter rien d’essentiel aux remarques de Langre et de Georges, leurs observations suivaient, jusqu’à son évanouissement, le phénomène de double réfraction anormale ou plutôt le dédoublement de la lumière. À Paris, à Berlin, à Londres, à Bruxelles, à Rome, à Amsterdam, dans toute l’Europe centrale, la fin des premières phases du phénomène se produisait vers trois heures et demie du matin. Elle se manifestait un peu plus tôt dans l’Europe orientale et en Asie, plus tôt encore dans les régions boréales. L’Amérique du Nord retardait, sauf aux hautes latitudes. Sous les tropiques et surtout dans les terres australes, le retard s’accentuait encore. Toutes les heures étaient ramenées à l’heure de Greenwich. Il apparaissait que les phases ne dépendaient aucunement de la position du soleil. Quant aux nouvelles phases, elles suivaient leur cours. Depuis sept heures du matin, heure à laquelle, tant à Paris qu’à Londres, Liverpool, Amsterdam et Iéna, on signalait la disparition d’une bande étroite de l’extrême violet (et de tous les rayons ultra-violets), on voyait progressivement pâlir et disparaître le reliquat de la zone. Toutefois, à sept heures du soir, il en subsistait une partie, mais l’indigo se révélait terne.

Différents phénomènes secondaires survinrent. On vérifia d’abord, comme l’avaient fait Langre et Meyral, que le pouvoir fluorescent de l’orange et du rouge ne cessaient de croître ; bientôt aussi, on remarqua que ces deux couleurs acquéraient des propriétés chimiques singulières, du reste peu intenses. D’autre part, la conductibilité électrique des métaux décroissait : le fer était le plus atteint. Les communications par câble sous-marin devenaient capricieuses. Si le rendement des lignes terrestres demeurait normal pour les lignes moyennes, il fléchissait sur les grandes lignes ; on produisait difficilement les ondes hertziennes ; le travail des usines électriques donnait lieu à de nombreux mécomptes.

Share on Twitter Share on Facebook